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Culture & Loisirs|Christophe Levent| 12 janvier 2018, 14h09
Quatre mois et quelques polémiques plus tard, Stéphane Bern tire avec nous un premier bilan de sa mission sur le patrimoine, à l’occasion de la remise des prix de sa fondation.
Plus question de tout laisser tomber ! Nommé le 16 septembre dernier pour mener une mission sur le patrimoine local, l’animateur Stéphane Bern est depuis passé par tous les états. D’abord pugnace face à ses détracteurs de la première heure, lui reprochant à la fois sa proximité avec le chef de l’Etat, ses tendances royalistes et une légitimité loin d’être démontrée, puis au bord de l’écroulement quelques semaines plus tard après le tollé provoqué par ses déclarations sur l’instauration d’un droit d’entrée dans les églises.
Aujourd’hui, à l’heure où sa fondation distribue ses prix pour le patrimoine (lire ci-dessous), il semble avoir repris du poil de la bête. Au point de se voir installé pour longtemps…
Où en êtes-vous après quatre mois de mission ?
Stéphane Bern. Nous avons obtenu une belle victoire avec l’adoption par le Parlement en décembre du projet de Loto pour le patrimoine. Le tirage aura lieu le 14 septembre pour les Journées du patrimoine. Le même week-end sera lancé le jeu de grattage. Sur les sites à sauver, nous avons reçu plus de 2 000 dossiers. D’ici la fin du mois, le comité de sélection sera constitué, avec cinq ou six membres : nous ne voulons pas d’une usine à gaz. A la mi-février, nous aurons choisi la centaine de sites qui doivent faire l’objet d’investissements en urgence…
Vous avez des exemples de sites prioritaires ?
Je pense par exemple au viaduc romain du Gier, à Chaponost, dans le Rhône. Ou encore à la maison de l’écrivain Pierre Loti à Rochefort et à celle du compositeur Georges Bizet à Bougival qui vient d’être rachetée par le conseil départemental des Yvelines. Il y a au moins déjà cinquante dossiers qui, pour moi, sont évidents.
En novembre dernier, après une nouvelle polémique, vous sembliez sur le point de laisser tomber…
Oui, mais ça va mieux ! Je ne compte pas m’arrêter là. Le loto, c’est le premier étage de la fusée. Je continue à chercher de nouveaux modes de financement pour sauver notre patrimoine. Beaucoup de mécènes me contactent régulièrement pour me proposer de l’aide. J’aimerais surtout créer une Société nationale des amis du patrimoine, comme cela se fait beaucoup à l’étranger. En Angleterre, il y a 4 millions d’adhérents à l’English Heritage Society. Vous imaginez la même chose chez nous : avec une cotisation à 100 EUR par an, on sauve le patrimoine français !
Est-ce que cette expérience vous apprend aussi des choses ?
Oui. Par exemple, que quand vous êtes nommé par le chef de l’Etat, vous en prenez forcément plein la figure… Je me suis aussi rendu compte que l’administration en France, c’est lourd, lourd, très lourd. Dès que vous voulez avancer, c’est comme un corps qui se défend, une huître qui se referme.
Et vous avez l’impression d’avoir fait des erreurs ?
Celle d’avoir été beaucoup trop naïf. Franchement, je ne m’attendais pas à ces attaques sur ma légitimité, je n’y étais pas préparé. Ensuite, je ne suis pas vraiment rodé à la politique et je n’ai pas voulu être langue de bois. J’aurais sans doute également dû prendre plus de temps pour expliquer mes idées, notamment sur l’entrée payante dans les églises.
Emmanuel Macron vous a soutenu pendant les polémiques ?
Oui. J’ai reçu des appels ou des textos de lui ou de sa femme. Ils ne m’ont jamais lâché.
Votre mission doit durer combien de temps ?
Il n’y a pas d’échéance et je n’ai pas l’impression qu’on va me demander d’arrêter. Je ne suis pas censé faire un rapport. Mais je vais le faire quand même, notamment pour proposer des simplifications administratives. Depuis quatre mois, je vais beaucoup sur le terrain, j’ai rencontré énormément de gens dans les associations, les mairies… Pour l’anecdote, quelqu’un m’a d’ailleurs expliqué au ministère que ce n’était peut-être pas la peine… Mais c’est là que je trouve les bonnes idées. Et rien que pour cela, j’ai vraiment envie de continuer.
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