« KEDI : des chats et des hommes », stupéfiant film documentaire sur les chats errants d’Istanbul, qui aborde avec bonheur le rapport étrange entre l’humain et le félin.

Kédi-Régine

Affiche officielle du film, sorti en salle en France le 27 février dernier.

 

C’est Régine Thomas, fervente admiratrice de Pierre Loti et membre actif de l’AIAPL, qui nous a immédiatement alertés après avoir vu ce film, afin que nous informions les Lotistes, confirmés ou …débutants, de son grand intérêt, et que nous les incitions à aller rapidement le voir.

S’il n’est fait à aucun moment allusion à Pierre Loti dans ce film « Kedi : des chats et des hommes », tous les Lotistes qui auront la chance de le voir penseront immédiatement à la ville d’Istanbul et à son atmosphère, presque encore telle que Loti l’a vécue, décrite, peinte et photographiée dans son œuvre. Et surtout, ils retrouveront dans le comportement si particulier et émouvant des habitants d’Istanbul envers les chats, le même respect et le même amour que ceux que Pierre Loti a toujours manifestés à l’égard des félins, et ce depuis sa plus tendre enfance !

Photo prise par Pierre Loti dans une rue d’Istanbul (1903-1905)

Pierre Loti et Pamouk

Pour se faire une idée précise sur ce film, il suffit de cliquer sur son titre en ligne, et l’on peut visionner la bande annonce, accéder à son synopsis, et lire les différentes critiques parues dans les journaux, ainsi que celles envoyées par bon nombre de spectateurs, la plupart enthousiastes.

Voici également des extraits d’une présentation très détaillée et éclairante sur le film, découverte en ligne :

* Un documentaire sur les chats qui envahissent Istanbul ?

L’idée pourrait sembler saugrenue, voire anecdotique. Sur le papier seulement : «Kedi : Des chats et des hommes» ne se contente pas de raconter des histoires jolies, graves ou sidérantes sur ces animaux, il analyse les sentiments étranges que les hommes nourrissent à leur égard. Ce film phénomène, aux images magnifiques, récolte des prix et un succès public dans tous les pays où il sort. Certes, pour l’aimer, il faut apprécier les chats, mais chez nous, ça ne devrait pas poser de problème : nos concitoyens accueillant 13,5 millions de felis silvestris catus, ils devraient adorer «Kedi» !

* Istanbul, le royaume des chats

La réalisatrice Ceyda Torun a choisi de filmer les chats de l’ex-Constantinople parce qu’il s’agit de sa ville, mais surtout car la gigantesque cité turque accueille un nombre ahurissant de félins, des centaines de milliers dans toutes les rues et sur tous les toits. Depuis que la ville existe et sert de port de transit pour les marchandises, les marins ont pris l’habitude de ramener des minets à bord de leurs navires, afin de lutter contre les rats. Résultat : toutes les races du monde sont présentes à Istanbul. La plupart vivent à l’état semi-sauvage : «Pour la population, qui est majoritairement musulmane, les chats sont quasi sacrés», explique Ceyda Torun.

* À hauteur de félin

Si «Kedi» est si réussi, c’est parce que Ceyda Torun et son équipe ont développé des trésors d’imagination pour filmer leurs «acteurs» à hauteur de leurs pérégrinations. Telles que des plates-formes roulantes très basses sur lesquelles étaient fixées les caméras, ou une voiturette télécommandée transformée en caméra, qui permettait de suivre au mieux les matous lorsqu’ils se faufilaient dans des passages étroits. Le résultat s’avère merveilleux : on n’a jamais vu une telle proximité cinématographique avec ces petits félins.

* Une galerie d’hommes et de chats

Malicieux, espiègles, séducteurs, agressifs, tout doux… Le film multiplie les portraits ahurissants de greffiers stambouliotes. Ainsi Bengü, dite la Tombeuse, qui n’a pas son pareil pour se faire caresser par les humains. Ou Grizou le Gentleman, félin gris clair semi-adopté par un restaurant : il tape à la vitre avec ses petites pattes pour signifier qu’il a faim, les serveurs courent lui apporter sa charcuterie préférée ! Sans oublier Petit Lion, gros dormeur de jour, chasseur de rats la nuit… Chacune de ces mascottes félines va de pair avec un homme ou une femme qui veille sur elle, comme ce patron de café qui accueille une chatte devenue l’emblème de son établissement.

* Chacun cherche son chat

Les moments les plus forts du film sont ceux où les habitants d’Istanbul expliquent ce qui les lie aux chats, et il y a autant de motifs que de Stambouliotes. Un pêcheur raconte ainsi qu’il croit à nouveau en Dieu depuis qu’il s’occupe de félins, et que, selon lui, ces animaux constituent un trait d’union entre l’homme et le divin. Tout le contraire de cette artiste qui, elle, souligne qu’«on ne peut pas trouver espèce plus mystérieuse et différente de l’homme que les chats». Pour elle, «les rapports que l’on entretient avec les chats sont de l’ordre de ceux que l’on pourrait entretenir avec une population extraterrestre». Quand la caméra s’attarde sur certains regards félins, on a envie de lui donner raison !

Et pour ceux qui voudraient en savoir plus :

 

* Sur la genèse de ce film : un entretien avec la réalisatrice Ceyda Torun, est accessible en ligne (avec une photo- portrait des 7 chats vedettes du film) en cliquant sur le lien :

https://cameo-nancy.fr/horaires-par-film/129-entretien-avec-le-realisateur/13694-kedi-entretien-ceyfa-torun

* Sur l’intérêt véritable que représente ce film pour les Lotistes qui ne connaîtraient pas encore Istanbul , ni parfaitement l’œuvre de Loti :

- Ce film émouvant rend un véritable hommage aux félins et offre, en plus, grâce à des images magnifiques, une jolie balade dans les vieux quartiers de la ville d’Istanbul, et le long de la Corne d’Or. Et on retrouve – dans la manière dont les Stambouliotes protègent les chats, les soignent, les caressent, leur parlent, ou les regardent en voyant en eux leur âme et leur mystère, un …« petit quelque chose de Pierre loti » !

- De plus, il ne devrait pas manquer d’inciter les admirateurs de Pierre Loti à lire (ou relire)  ses différents textes si émouvants sur les chats, publiés pour la première fois en 1891 dans le Livre de la Pitié et de la Mort, dans lequel il consignait des choses très intimes : « Ce livre est encore plus moi que ceux que j’ai écrits jusqu’à ce jour. »

Les Editions Aubéron ont eu la bonne idée de rassembler ces textes dans une publication parue en Octobre 2012 et intitulée :

 « Vie de deux chattes » et autres textes félins de Pierre Loti.

 

Je reproduis intégralement ci-après le texte de présentation de cet ouvrage par Anne Duprez, car il est très éclairant sur l’amoureux et défenseur de la condition animale qu’était Loti :

[ Les éditions Aubéron nous offrent, en cet automne, un très joli livre : une anthologie de Pierre Loti regroupant des textes félins dont « Vie de deux chattes », « Une bête galeuse », « Chiens et chats », « Noyade de chat » et de nombreux extraits de textes de Loti consacrés aux chats. Consacrés est bien le mot, tant affleure, sous chaque mot, le culte tendre que rend l’écrivain nomade à ces frères des hommes dont, avoue−t−il, l’âme apparaît au fond des yeux. Avec une infinie élégance, dans une écriture qui tient à la fois de la fierté racée du chat, tout autant que de sa discrétion et de sa mesure, il avance, à pas de velours, au travers de récits où brille un je ne sais quoi d’universel et d’humain dans des pupilles de jade.

La première à entrer en scène est une chatte angora blanche, mâtinée de quelques taches noires. Un rien de piment sur une boule de pureté immaculée et douce, histoire d’affirmer un caractère bien trempé dès les premières pages : « Sur ses cartes de visites » nous dit Loti, « elle avait du reste fait mentionner son titre de première chatte de ma maison : Madame Moumoutte BLANCHE, 1ère chatte chez M. Pierre LOTI »… Moumoutte blanche, beaucoup plus joliment que laisserait présager son surnom, est un tendre avatar de l’amour filial du Pierre voyageur pour sa mère et sa tante Claire, « aux tristes crépuscules de Décembre, aux veillées sans fin » … « quand la maison était redevenue grande et vide ». Un peu du feu de son âme rayonne au travers du regard du chat, un peu de sa douceur et de sa tendresse se réchauffe dans le soyeux de la fourrure de l’animal roi.

Entre ensuite en scène, l’étrangère, la mal aimée, la battue, l’efflanquée, laide et inattendue mais qui trouve, dans la fidélité des grands pactes secrets, la force de s’accrocher, et de sceller dans un regard une amitié éternelle. Pierre Loti rapporte la Chinoise (« Madame Moumoutte CHINOISE, 2ème chatte chez M. Pierre LOTI ») depuis le lointain Orient jusqu’à chez lui. Aussi disgracieuse alors que la blanche est coquette : deux pans d’Humanité. Commence alors une lutte de castes entre la blanche et l’étrange brune, suivie d’une froide tolérance puis enfin d’une indéfectible amitié fraternelle.

Au-delà de cela, Pierre Loti décrit l’Humain, dit l’amour mais aussi l’incertitude de vivre, l’angoisse d’avoir à n’avancer un jour que dans le souvenir. Gardiens des infinis mystères, les chats – dont on dit qu’ils traversent plusieurs existences− sont bien ici les dieux des passages. Les lares aussi, divinités protectrices des foyers. Sous la plume légère de Loti, ils unissent les extrêmes, relient les continents ainsi que les moments de vie, lourdes ancres du passé ou promesses d’envolées vers un clair avenir. ]

- Information complémentaire pour ceux qui ne disposeraient pas encore du livre :

Un livre audio gratuit sur « La vie de deux chattes » de Pierre Loti est accessible et téléchargeable gratuitement en ligne - avec une version texte et une version mp3 -  en cliquant sur le lien :
http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/loti-pierre-vies-de-deux-chattes.html
 

Pierre Loti et Balkis-Osman-Vautour

 

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