Succès populaire et critique du dernier Festival Off d’Avignon…

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Xavier Gallais -fantôme aziyade

D’APRÈS PIERRE LOTI / ADAPTATION ET MES FLORIENT AZOULAY ET XAVIER GALLAIS

Publié le 22 janvier 2020 – N° 284

Succès populaire et critique du dernier Festival Off d’Avignon, cette petite forme performative est une invitation au voyage au pays de Pierre Loti, l’orientaliste. Xavier Gallais, qui, seul en scène, fait entendre la voix de l’écrivain, envoûte.

Plusieurs originalités distinguent ce spectacle, au premier rang desquelles l’idée de réunir, en les adaptant, deux textes de l’œuvre souvent autobiographique de cette personnalité iconoclaste de la littérature française, qui devait son pseudonyme, Loti, à la Reine Pomaré de Tahiti. « L’adaptation que nous avons écrite rend compte aussi bien de l’énergie amoureuse qui traverse le chef-d’œuvre orientaliste Aziyadé que du chant funèbre somptueux de Fantôme d’Orient.», déclarent Florient Azoulay et Xavier Gallais, lesquels, pour la première fois depuis de longues années de collaboration, cosignent également la mise en scène. « Si l’écriture de Loti est empreinte d’une nostalgie profonde, nous avons fui l’écueil d’une pièce trop mélancolique. Le Fantôme d’Aziyadé est le prétexte à une dérive psycho-géographique ». Invité à marcher dans les pas de l’écrivain quand, descendant de bateau à Istanbul, celui-ci y revient pour retrouver celle qu’il a follement aimée dix ans plus tôt, le spectateur est convié à vivre une expérience exotique au parfum proustien.

 Sous le charme

Simplement assis, légèrement en biais, vêtu comme à la ville d’un pantalon et d’un pull noirs, Xavier Gallais monologue et se fond dans le décor. C’est pour mieux faire exister l’univers de  Pierre Loti auquel il prête sa voix charnelle, sensuelle, et toutes ses inflexions nuancées pour donner corps aux êtres qui peuplent le récit dans la ville-théâtre de cet amour fou et perdu, Istanbul. La modestie recherchée de l’interprétation, caractérisée par une gestuelle esquissée, très étudiée, permet à chacun de s’approprier l’universalité de cette quête singulière, en rencontrant le vœu de l’écrivain : « J’ai voulu vous conter mes premières joies d’amour ». Au minimalisme du jeu et de la scénographie répond la bande son originale composée par Olivier Innocenti, dont les effluves orientalisantes aident au transport de l’imagination tandis que les lumières signées par Luca Antonucci (également auteur de la scénographie) organisent l’intimisme nécessaire à la capture d’un auditoire dont on attend qu’il puisse s’évader.

Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens

https://www.journal-laterrasse.fr/le-fantome-daziyade-dapres-pierre-loti-adaptation-et-mise-en-scene-de-florient-azoulay-et-xavier-gallais/