Le vendredi 26 mars 1915, Pierre Loti - qui a demandé il y a quelques semaines au président Poincaré de le faire détacher par Jean-Victor Augagneur au Ministère de la Guerre pour avoir la liberté de se rendre aux armées - a obtenu que son vœu soit exaucé. La mesure a été prise et le chef de l’État l’en a informé. « La bonne nouvelle que vous avez bien voulu m’annoncer me remplit de joie et je vous remercie du fond du cœur. Et maintenant, je voudrais tant me rendre utile à mon pays, ne fût-ce que par ma plume en attendant mieux ; je voudrais tant ne pas rester celui qui ne sait rien, qui ne voit rien, qui n’est même pas allé au champ de bataille, et qui, par suite ne peut rien écrire. Je vous prie bien de ne pas voir dans ce que je dis là, une intention de récriminer, mais seulement le désir de travailler à la cause commune, à la persuasion des neutres. Si un semblant de mission pouvait m’être donné à Ypres auprès du roi Albert, comme vous en avez eu l’idée avec M. Barthou, combien j’en serais heureux ! Ne sortant plus du camp retranché de Paris, je suis écrasé par le sentiment de mon inutilité, quand je me sens capable de faire quelque chose. Et je viens vous soumettre mon ardent désir de voir et de fixer pour ceux qui n’auront pas vu ».
Raymond Poincaré envoie à Pierre Loti une lettre d’introduction auprès du roi Albert. Il s’est rendu à La Panne et à son retour, il écrit au chef de l’Etat avec son papier jaune favori : « Je suis rentré samedi de Belgique. N’osant pas vous demander audience, une fois de plus, je me permets de vous envoyer par lettre mon profond remerciement. Le roi qui a causé longuement avec moi, m’a chargé de vous remercier et de vous dire qu’il allait vous écrire. J’ai ensuite causé pendant une heure au moins avec la reine. Bien que je n’aie pas eu l’honneur d’entendre le canon, j’ai cependant pu entrevoir à Ypres et à Furnes, quelques petites choses, auxquelles j’essaierai d’accrocher mes articles pour l’Amérique. Si seulement j’avais un peu vu les champs de bataille, si on m’avait un peu plus mêlé à la guerre, comme on n’eût pas manqué de le faire dans tout autre pays que le nôtre, au lieu de m’en tenir à l’écart systématiquement, je sais bien hélas que j’aurais pu écrire un livre durable à la gloire de notre France » .
Poincaré est prêt à emmener Pierre Loti en Alsace mais il s’interroge sur son intention d’être mêlé à la guerre. Est-ce la faire ou est-ce la peindre ? Le roi Albert écrit au président de la République pour lui dire tout le bien qu’il a pensé de Pierre Loti « qui tient à vérifier dès maintenant les faits qui mettent en lumière devant la postérité le rôle des troupes belges et la vaillance commune de nos armées ».
http://lhistoireenrafale.lunion.fr/2019/03/25/26-mars-1915-les-attentes-et-les-confidences-de-pierre-loti/
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Et pour en savoir plus sur le rôle d’agent de liaison de Pierre Loti en Belgique durant la première guerre mondiale :
* Nous vous suggérons de lire (ou de relire) la plaquette de présentation du voyage AIAPL de Septembre 2017 “ Sur les pas de Pierre Loti en Belgique “, accessible sur notre site en cliquant sur le lien –> http://pierreloti.eu/?cat=107
* Nous vous conseillons également de lire (ou de relire) deux articles parus dans le Bulletin de l’AIAPL :
- N°35 / décembre 2016 : “Pierre Loti en Belgique : le soldat bleu et la reine bleue” ( Patrice Morel- pp.21-26 )
- N° 37 / décembre 2017 : “Compte rendu du voyage en Flandre occidentale sur les pas de Pierre Loti – Septembre 2017” (Patrice Morel – pp.33.38)
Pour se procurer les bulletins, cliquez sur : http://pierreloti.eu/?cat=38
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