L’épopée des terre-neuvas au Musée de la Marine

retour d'Islande - Albert Demarest, 1899

retour d’Islande par Albert Demarest, 1899 (Collections Musée Baron Martin, Gray)

La revue française de Généalogie

Catégorie : Expositions, Ille-et-Vilaine  |  le 14 Octobre 2015 par Véronique Tison

L’exposition raconte l’histoire de la « Grande Pêche », la pêche lointaine à la morue, dans les eaux de Terre-Neuve, du Labrador, de l’Islande et du Groenland : cinq siècles d’une incroyable aventure technique, économique et humaine pour exploiter « l’or blanc », une ressource qui a longtemps semblé intarissable.

La première partie présente la géographie, les bateaux, les types de pêche, errante ou sédentaire (quand les marins avaient un « pied à terre » sur la côte). Les navires sont de tous types jusqu’à la fin du XVIIIe siècle puis davantage spécialisés au XIXe siècle avec l’apparition du trois-mâts goélette, d’où partent les doris, ces petites barques qui posent les lignes. De nombreux documents rappellent ensuite l’importance économique de la pêche hauturière pour les ports qui en ont fait leur spécialité comme Fécamp, Granville ou Saint-Malo.

La deuxième partie s’attache aux hommes. Chaque année en février ou mars, les pêcheurs partaient, au temps de la voile, pour des campagnes de six à huit mois. Le départ groupé des morutiers en février ou mars donnait lieu à des célébrations, comme le Pardon des Islandais à Paimpol, grande procession suivie d’une bénédiction des flottilles censée les protéger des multiples dangers de la mer : les tempêtes et les brumes dans lesquelles se perdaient navires et doris, les maladies et les blessures…

Sur le bateau, le travail est harassant, 18 heures par jour dans le froid et le vent, sans hygiène à bord, à tirer les lignes, remonter, découper et saler le poisson.

Pour les femmes et les enfants, ce temps est celui de l’absence, de l’attente, du retour ou du non-retour, qui inspire, à partir de la fin du XIXe siècle, de nombreux artistes et écrivains dont l’exposition présente les œuvres, comme les peintres Albert Guillaume Demarest ou Marin Marie et, bien sûr, l’écrivain Pierre Loti, auteur du best-seller « Pêcheur d’Islande » publié en 1886.

Au XXe siècle s’ouvre l’ère des chalutiers à moteurs et du chalut qui raccourcissent le temps du voyage et de pêche : en quelques semaines ou quelques jours les bateaux capturent autant que ce qu’ils mettaient six mois à pêcher avant. Ces progrès ouvrent la voie à la pêche intensive ou industrielle, pour arriver aux excès des années 1960 et 1970 aujourd’hui reconnus par tous les acteurs du secteur. En 1968 la pêche morutière atteint un record à près de deux millions de tonnes, dont 40% proviennent de Terre Neuve et du Labrador. Dès 1970 la ressource diminue et les captures chutent. En 1992, le Canada décrète un moratoire qui est toujours en vigueur, les stocks ne s’étant pas régénérés : la surpêche a tué la pêche.

L’exposition se termine sur un dernier espace qui fait le lien avec le présent en posant la question du développement durable et d’une pêche responsable.

Du 7 octobre au 26 juin 2016

Musée national de la Marine – Palais de Chaillot

17, place du Trocadéro Paris 16e

Des visites, animations et ateliers sont proposés pour les enfants à partir de 4 ans pendant les vacances scolaires. Plus d’informations sur www.musee-marine.fr 

Collections Musée Baron Martin, Gray