A l’origine, une rencontre entre Samuel Viaud , le fils de Pierre Loti et un jeune nordiste de 18 ans, nommé Fernand Laplaud. C’est lui qui créera l’AIAPL.
Fervent admirateur de l’écrivain qu’il a découvert à 15 ans, avec Pêcheur d’Islande, il a déjà lu toute son œuvre connue. En 1924, un an après la mort de Pierre Loti, il écrit à Samuel Viaud pour lui faire part de son désir de se rendre sur les lieux où Loti a vécu, à Rochefort et à Hendaye.
Ce dernier va répondre favorablement à son souhait et du 12 au 28 novembre 1924, Fernand Laplaud va être reçu à Hendaye, visitant Bakhar Etchea, la chambre de Loti à Ascain, le château d’Abbadie, puis il sera reçu dans la maison de Pierre Loti à Rochefort, et se rendra avec Samuel à la Limoise , à la Maison des Aïeules à Saint-Pierre d’Oléron, où il aura le privilège de se recueillir sur la tombe de l’écrivain.
Durant son périple, il tient un journal intitulé « Mon pèlerinage », où il relate, d’une écriture toute lotienne, les émotions qui l’assaillent. (*)
Voici ce qu’il écrit, par exemple, après s’être recueilli sur la tombe de Pierre loti à la Maison des Aïeules : « C’est sans doute la seule et dernière fois que je viens ici. Jamais plus je ne reviendrai, jamais plus ! Mon rêve ou idée fixe Samuel les combla. Jamais plus je ne franchirai la porte verte de la Maison des Aïeules, jamais plus je ne reverrai cette tombe. Et peut-être en admettant que je revienne plus tard, je ne pourrai comme aujourd’hui songer désespérément à sa mort, à lui qui fut la révélation de ma vie d’adolescent… »
Quelques années plus tard, Fernand Laplaud, devenu entrepreneur par nécessité mais porté par son goût pour la littérature, va être amené à collaborer à la revue franco-flamande Mercure de Flandre, créée en 1921 à Lille par Valentin Bresle.
L’idée lui vient alors de proposer un numéro consacré intégralement à Pierre Loti.
Aidé par Samuel, qui lui ouvre grand son carnet d’adresses, le numéro intitulé ‘‘Pierre Loti vu par ses contemporains’’ paraît en Janvier- Février 1931. Plus de soixante personnalités, amis intimes ou connaissances de Pierre Loti, issues de milieux très divers, collaborèrent à ce numéro.
Sans doute est-ce à la suite de cette publication qu’a germé dans l’esprit de Fernand Laplaud, l’idée de créer une association autour de Pierre Loti.
Ce fut chose faite en février 1933, avec la création de l’Association Internationale des amis de Pierre Loti : (arrêté préfectoral du 7 février 1933, publié au Journal Officiel n°38 du 14 février 1933), dont l’objet était le suivant : « Centralisations et applications de suggestions permettant de faire mieux comprendre et aimer Pierre Loti et son œuvre en groupant ses parents, amis et admirateurs ». (**)
Le premier Président en fut Louis Barthou, de l’Académie Française, ancien Président du Conseil, Sénateur des Basses-Pyrénées, ami très proche de Pierre Loti (https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Barthou) (Max Émile Barthou 1914) ; le Vice-président, Gabriel Pierné, de l’Académie des Beaux-Arts, Membre de l’Institut et compositeur, entre autre, d’une adaptation musicale de Ramuntcho (https://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_Pierné) ; Fernand Laplaud remplissant les fonctions de Secrétaire général fondateur tandis que son épouse assurait la fonction de trésorière.
Il fut demandé à Sa Majesté Impériale le Calife Abd-ul-Medjid II, exilé à Nice par le pouvoir kémaliste (https://fr.wikipedia.org/wiki/Kémalisme), d’être le président d’honneur de l’association, ce qu’il accepta en ces termes, par lettre de son secrétaire particulier : « Elle (SMI le Calife) sera heureuse de rendre ainsi un nouvel hommage au grand et génial écrivain, auquel le liait d’ailleurs une vieille et confiante amitié ».
Dans le comité d’honneur, outre les villes d’Hendaye et Rochefort-sur-Mer, apparaissaient d’illustres personnalités telles que la Princesse Bibesco ; André Antoine, directeur de théâtre ; Albert Besnard, Henry Bordeaux, François Mauriac, Henri de Régnier, membres de l’Académie Française (http://www.academie-francaise.fr/) ; le Maréchal Franchet d’Espérey (https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Franchet_d’Espèrey) ; Claude Farrère, alors Président de l’Association des écrivains combattants (https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Farrère), etc.
Les buts de l’Association étaient ainsi énumérés : 1) Apposition de Plaques sur la Maison où est né Pierre Loti, et sur celles où il a vécu, 2) Faire affecter dans le plus de villes possible une rue à son nom, 3) : Susciter des monuments à son effigie, 4) : Célébrer l’anniversaire de sa mort, par les pèlerinages soit à sa tombe, soit à l’une de ses demeures, 5 : Faire connaître son œuvre aux jeunes générations par des causeries, des conférences, des lectures, en utilisant tous moyens de diffusion et de propagande, 6) : Publier un petit bulletin trimestriel qui rendra compte de l’activité de l’Association, publiera des souvenirs inédits sur Pierre loti, et permettra aux membres de se renseigner mutuellement.
Le premier bulletin de l’Association parut en mars 1933 et il contenait, outre les statuts, la liste des membres du comité d’honneur.
Après la guerre, en 1950, le grand projet de l’Association sera de célébrer avec éclat le centenaire de la naissance de Pierre Loti.
Claude Farrère devenu le second président de l’Association à la disparition de Louis Barthou, assassiné à Marseille aux côtés du roi Alexandre de Yougoslavie en 1934, en fut le grand organisateur. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Assassinat_du_roi_Alexandre_Ier_et_de_Louis_Barthou)
Il nous en donne un témoignage, dans une lettre adressée au Président de l’Association Culturelle Franco-Turque, en remerciement des nombreux hommages rendus à Pierre Loti en Turquie : « J’ai sur ma table, dans l’instant que j’écris cette lettre, les nombreux journaux turcs qui me décrivent les cérémonies qui furent célébrées sur toute la terre turque à l’occasion du centenaire de cette naissance précieuse. Ici même, à Paris, à Rochefort, où naquit Loti, à Hendaye, où il est mort, à Brest, à Bayonne, à Toulon, où il vécut, et jusque dans cette humble île d’Oléron, où est son tombeau, des foules se sont assemblées, en la présence du Chef de la République française, de ses ministres, de son parlement, de l’Académie Française et des autres académies ou associations, pour acclamer le nom de Loti et saluer sa gloire et approuver son œuvre… ».
Liste des Présidents de l’AIAPL depuis sa création :
du 14 février 1933 au 9 octobre 1934
Louis Barthou, de l’Académie française, Ministre des Affaires Etrangères – Président du Conseil
de 1934 à 1940 et de 1948 à 1957
Claude Farrère, de l’Académie française, Capitaine de vaisseau
de 1957 à 1962
Pierre Benoit, de l’Académie française
de 1962 à 1980
Jean Marie, Ingénieur général du Génie Maritime, Président d’Honneur de la Compagnie Générale Transatlantique, ancien Président de l’Académie de Marine
de 1980 à1984
Pierre Sizaire, Écrivain, Capitaine de Vaisseau
de 1984 à 1999
Yves La Prairie, Capitaine de Vaisseau (honoraire), Écrivain, Ancien Président du CNEXO
de 1999 à 2008
Jean-Pierre Beauvois, Contre-amiral, Directeur du Service Historique de la Défense, département Marine, Secrétaire général de l’Académie de Marine
de 2008 à 2017
Yves Nicolas, Ingénieur en Génie Civil
depuis février 2017
Marie-Ange Gerbal, 1er conseiller à la Chambre territoriale des comptes, Nouvelle-Calédonie
* Récit publié dans les numéros 23, 24 et 25 du Bulletin de l’AIAPL, de décembre 2010, juin et décembre 2011
**source : AIAPL, genèse et premiers pas, article paru dans les numéros 18 et 19, du Bulletin de l’AIAPL de juin et décembre 2008)