Île de Pâques : 3 expositions cet été en Occitanie

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Jean Marc Lebeaupin

île de Pâques-occitanie

L’île de Pâques fascine par ses sculptures en pierre monumentales, l’invention d’un système d’écriture unique dans le Pacifique ou la réalisation de sculptures en bois d’une extraordinaire liberté formelle. Comment a-t-on pu ériger plus ou moins 900 moai sur un territoire si réduit et si peu peuplé ?

 

Le « nombril du monde » ! Issu d’une erreur de traduction, ce nom entretient la réputation de l’île de Pâques, perdue dans le Pacifique et à laquelle, depuis le XVIIIe siècle, on ne cesse d’attacher une réputation de mystère, tant l’histoire et les savoir-faire de ses habitants paraissent exceptionnels. Mais les mystères servent d’abord à masquer les ignorances. Ces expositions proposent un autre regard sur la civilisation pascuane dont l’originalité tient exclusivement aux initiatives des générations successives qui l’ont formée. Peuplée il y a près de mille ans par des Polynésiens forts d’une histoire déjà longue, l’île poursuit son destin, dorénavant ancré dans le monde global. Loin d’être le « nombril du monde », le lieu est d’abord singulier et captivant. L’île de Pâques est confinée sur un morceau de terre de 165 km2. L’isolement de l’île prend fin le 5 avril 1722, jour de Pâques, avec l’accostage de trois vaisseaux commandés par le navigateur hollandais Jakob Roggeveen. Depuis les premières explorations de James Cook ou de Jean-François Galaup de Lapérouse, l’île n’a pas cessé de nourrir l’imaginaire collectif occidental. L’écrivain Pierre Loti conservera le souvenir « d’un pays à moitié fantastique, d’une terre de rêve ».

Trois musées proposent durant l’été 2018 trois expositions complémentaires rassemblant un ensemble rare et unique d’objets issus des principales collections publiques et privées. Chacun pourra y découvrir les multiples facettes de cette île par le prisme des thèmes développés dans les différents lieux.

Questions à Francis Duranthon – Directeur du muséum de Toulouse :

 

Pourquoi une exposition sur l’île de Pâques au Muséum de Toulouse ?

Francis Duranthon : Le Muséum de Toulouse avait à cœur de réaliser une exposition sur l’île de Pâques depuis de nombreuses années. Ceci à la suite de l’acquisition à la fin des années 1980 d’objets issus de la collection de Pierre Loti provenant de sa venue sur l’île en 1872. Les équipes du Muséum s’étaient d’ailleurs ensuite rendues en 1990 au Musée de l’Homme de Paris pour y mouler un moai qui devait être l’une des pièces maîtresses de cette exposition…

Pourquoi cette île intéresse-t-elle tant les scientifiques ?

Francis Duranthon : L’île de Pâques peut être entrevue comme un laboratoire scientifique nous renseignant sur l’état du monde aujourd’hui. Face à la raréfaction des ressources et de la biodiversité, quels rôles ont joué et joueront demain les êtres humains ? Comment se sont-ils adaptés à ces contraintes dans l’histoire et comment s’adapteront-ils dans le futur ?

L’île de Pâques est un concentré de réflexions scientifiques et philosophiques sur notre devenir ! En quoi cette exposition est novatrice ?

Francis Duranthon : La science a progressé ces dernières années. Avec l’avènement des techniques de biologie moléculaire et la mise en place de nombreux chantiers de fouilles archéologiques, l’histoire du peuplement de cette île éloignée du monde s’est aujourd’hui précisée, remettant en question les théories les plus partagées. La question du réchauffement climatique s’est aussi affirmée, interrogeant sur le devenir des îles du Pacifique. Il était donc naturel que le Muséum de Toulouse consacre enfin une exposition à Rapa Nui, le nombril du monde.

Le Parcours de l’Exposition

 

Zone 1 : La chambre des illusions

L’île de Pâques est marquée du sceau du mystère. Cela tient en partie d’une incompréhension des insulaires lors des premières rencontres, aux XVIIIe et XIXe siècles. Mais cette réputation est aussi tributaire d’amateurs d’énigmes, qui entretiennent sans cesse l’idée d’un peuple singulier dont les savoirs, désormais perdus, permirent l’élévation de monuments incroyables. Pourtant, rien ne sort de l’ordinaire à l’île de Pâques, sinon une originalité propre à toutes civilisations. Les moyens de construction et la chronologie des monuments, par exemple, sont connus et on n’y décèle d’autre secret que le génie des Polynésiens qui peuplent cette île perdue dans le Pacifique.

Zone 2 : Si loin, si proche

L’île de Pâques est une terre volcanique dont la formation a débuté il y plusieurs millions d’années. Elle appartient à la plaque de Nazca, qui se déplace vers l’Amérique du Sud au rythme soutenu de quelques centimètres par an. Il y a près d’un millénaire, l’île fut atteinte par quelques-uns des plus fameux navigateurs de tous les temps, les Polynésiens, partis vers le IIe millénaire avant notre ère du nord-ouest du Pacifique à la conquête de cet immense océan. Ils colonisèrent petit à petit un grand nombre d’îles, d’Hawaï à la Nouvelle-Zélande, des Fidji à l’île de Pâques en passant par Tonga,Samoa, les îles Cook et de la Société, les Marquises, les Australes ou les Tuamotu.

Zone 3 : Pierre Loti et les grands voyages à l’île de Pâques

Pierre Loti débarqua à l’île de Pâques en 1872, ultime héritier des grands navigateurs qui, aux XVIIIe et XIXe siècles, sillonnèrent le Pacifique en tous sens. James Cook est certainement le plus notoire d’entre eux et y fit escale en mars 1774. Admirateur de l’œuvre du célèbre capitaine anglais, Louis XVI fut l’initiateur de la triste expédition du comte albigeois de Lapérouse, qui mouilla à l’île de Pâques en 1786. Parmi les navigateurs réputés qui passèrent par-là, citons encore le Russe Otto von Kotzebue en 1816, le Britannique Frederick William Beechey en 1825 ou l’amiral français Abel Aubert du Petit- Thouars en 1838.

Zone 4 : Des Titans et des Hommes

Les autels à statues, qui font la gloire de l’île de Pâques, sont typiquement polynésiens et étaient destinés au dialogue avec des chefs défunts. Mais les panthéons polynésiens sont également vastes de dizaines de divinités, qui laissent souvent la gestion du monde aux ancêtres. Dès le XVIIe siècle, sans doute sous la pression de développements démographiques, les dieux furent conviés à reprendre les choses en main. Selon les îles, un dieu en particulier fut choisi, comme Makemake à l’île de Pâques. Cette mutation entraîna de nouvelles architectures, dont la transformation des ateliers de fabrication des statues en un lieu cultuel parmi les plus spectaculaires de Polynésie.

Zone 5 : Une île à toutes épreuves

L’île de Pâques est aujourd’hui une vaste steppe. Cependant, lors de l’arrivée des premiers colons polynésiens, elle était couverte d’une forêt composée de milliers de palmiers. Hommes et climat contribuèrent au déboisement dont le parachèvement remonte au début du XXe siècle avec l’introduction, par une compagnie écossaise, de milliers de moutons. Les mutations du paysage furent lentes et les Pascuans s’en accommodèrent, entre autres par une progressive transformation de leurs techniques agricoles, ce qui témoigne d’une forte capacité d’adaptation.

Zone 6 : L’avenir en héritage

L’île de Pâques est désormais ancrée dans le monde contemporain. Les 6 000 habitants, dont beaucoup sont les descendants directs des Polynésiens qui édifièrent les grandes statues, profitent des avantages et des inconvénients de la société actuelle. Aujourd’hui, le tourisme est devenu la première activité économique. Le nouveau défi est de jouir de cette ère nouvelle, tout en protégeant les héritages. L’équation n’est pas simple, mais elle n’est pas non plus insurmontable : la préservation de l’environnement, de la langue, du patrimoine et des spécificités culturelles n’est pas antinomique de la vie contemporaine. Différents organismes locaux veillent à cette sauvegarde…

A voir aussi sur artsixMic : https://www.artsixmic.fr/elia-pagliarino-sur-les-traces-des-tatouages-polynesiens/

îles de Pâques

3 expositions en Occitanie

Du 30 juin au 4 novembre 2018

Muséum de Toulouse 35 allées Jules Guesde 31000 Toulouse

 

Île de Pâques :

https://youtu.be/Cs37xXrXdPw

 

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L’île de Pâques à l’honneur au Muséum de Toulouse

22 juin 2018 Culture et Patrimoine

 

Une île perdue du Pacifique, à 3000 km de la côte la plus proche, une terre sauvage où la tradition perdure et les secrets des temps anciens gardent leurs mystères…

expo-île-de-paquesUne île perdue du Pacifique, à 3000 km de la côte la plus proche, une terre sauvage où la tradition perdure et les secrets des temps anciens gardent leurs mystères… Sous l’œil énigmatique des Moais, vous voilà sur Rapa Nui, l’île fantastique.

Revenons sur Terre : concrètement, il n’est pas aussi simple de percer les mystères de l’île de Pâques, il faut d’abord y être et ce n’est pas la porte à côté. Heureusement, les Pascuans s’invitent au Muséum de Toulouse pour une exposition du 30 juin 2018 au 30 juin 2019. Pendant 12 mois, le musée vous fait découvrir ce territoire du bout du monde, au passé riche et à l’Histoire pleine de remous.

Parmi les œuvres dévoilées au public, des lettres manuscrites de Pierre Loti lors de son passage en 1872, des sculptures sur bois (décorations, ornements et objets du quotidien), et même … un Moaï ! Il s’agit d’une reproduction à l’identique du Moaï du British Muséum de Londres, l’une des rares statues de ce type à avoir quitté son île natale.

Découverte par les européens un jour de Pâques 1722 mais colonisée bien avant par les polynésiens vers 400 ou 900 (les scientifiques ne se sont pas accordés sur une date), l’île était peuplée d’environ 10 000 insulaires à la fin du XVIIIe siècle. Le culte des Moaï s’est perdu au fil des siècles, si bien qu’aujourd’hui le mystère demeure à leur sujet. Remplacé par le culte de l’Homme-Oiseau, puis par la religion chrétienne apportée par les missionnaires, le destin des indigènes prendra un triste tournant quand ils connaitront la persécution, et leur nombre réduit à une centaine. Après avoir recouvert leurs droits au XXe siècle, les habitants réapprivoisent leur héritage et leur culture.

Le tourisme, ressource importante de l’île et en pleine croissance depuis une vingtaine d’années, favorise ce retour à leurs racines. Les initiatives à l’instar de cette exposition permettent de diffuser et faire rayonner cette civilisation fascinante, qui n’a pas fini de nous surprendre

Plus d’infos sur l’exposition ici.

https://www.chile-excepcion.com/blog/lile-de-paques-a-lhonneur-au-museum-de-toulouse

Julien Viaud dit Pierre Loti (1850-1929), manuscrit du journal Rapa Nui, janvier 1872

Julien Viaud dit Pierre Loti (1850-1923), manuscrit du journal Rapa Nui, janvier 1872 – 14 feuillets manuscrits recto verso. Encre violette sur papier ligné bleuté, non relié

 

La cabine de Julien Viaud (dit Pierre Loti) – côté gauche

Dessins de Julien Viaud, 1872, Mine de Plomb. La pagaie AO dessinée par Pierre Loti est celle conservée au Muséum de Toulouse

 

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