Caroline Conte et son équipe ont tourné à Fort Lupin, un lieu « Vauban » fermé au public.
La Charente Libre
Par Thierry CORDEBOEUF, publié le 28 mars 2016, modifié le 29 mars 2016.
«Des racines et des ailes», l’émission de France 3, consacre sa prochaine émission au fleuve Charente, demain mercredi soir. De la source à l’estuaire, un voyage de près de deux heures.
Mercredi soir, le fleuve Charente s’offre près de deux heures de grande écoute sur France 3, vedette unique de l’émission «Des racines et des ailes». Sobrement baptisé «Sur les rives de la Charente», le reportage est signé Caroline Conte.
Originaire des Deux-Sèvres, cette jeune reporter de l’agence Capa réalise son tout premier documentaire pour la célèbre émission bimensuelle présentée par Carole Gaessler, qui revendique quatre millions de téléspectateurs. Avec Franck Dhelens, caméraman et co-réalisateur, la journaliste a longé, sur terre et dans les airs, ce «fleuve confidentiel» de 400 kilomètres, de sa source en Haute-Vienne jusqu’à l’Atlantique où il se jette, à Rochefort, après avoir sillonné les deux Charentes.
L’équipe a tourné une quarantaine de jours en septembre dernier, après deux mois d’enquête sur le terrain en compagnie de personnalités locales dont Jean-François Tournepiche, conservateur du musée d’Angoulême, Florent Gaillard, l’archiviste de la ville, ou Philippe Desclaux, spécialiste du patrimoine. «Avec le montage, j’ai passé six mois avec la Charente, et j’ai hâte d’y retourner», sourit Caroline Conte, enthousiaste. Tout comme son rédacteur en chef, Frédéric Convert, originaire de Gourvillette, entre Cognac et Saint-Jean-d’Angély. «Il s’est battu pour faire accepter ce sujet, la pression était d’autant plus forte».
Après enquête, avez-vous compris pourquoi la Charente reste un «fleuve confidentiel»? Caroline Conte. La Charente est plus perçue comme une rivière que comme un fleuve, on ne sait pas pourquoi.Peut-être parce qu’elle n’est pas vraiment navigable.Peut-être aussi parce que c’est un fleuve paisible, sensuel, bucolique.
Il ne traverse pas de très grandes villes, il est tout en courbures.Quand on tournait à Rochefort, tout près de l’océan, il n’y avait que des roseaux et des vaches, c’était impressionnant.Un fleuve, on le voit plus puissant, plus imposant, avec des grosses usines.La Charente reste champêtre, jusqu’à son embouchure, et d’un grand calme. La grosse ville, c’est Angoulême.Vous connaissiez? Même si ma famille est originaire des Deux-Sèvres, je ne connaissais d’Angoulême que la gare, qui n’est pas très chouette. Souvent on entend: «Angoulême? bof.» Malgré ses festivals, c’est une ville de passage et c’est dommage. Elle mérite d’être connue avec ses ruelles vivantes, ses maisons superbes, ses points de vue. ça a été une vraie découverte.
Vous insistez sur Angeac et ses dinosaures, «un site unique». Autre découverte? A «Des racines et des ailes», on voit souvent des gens qui grattent la terre et qui trouvent des petits trucs.A Angeac, ce sont des mastodontes que l’on trouve, et on y rencontre de grands spécialistes qui considèrent ce site comme majeur. Là encore, c’est trop peu connu alors qu’il est évident que ce gisement unique en Europe est un atout pour la Charente.
Le monteur de l’émission, par exemple, a été impressionné et va revenir cet été avec sa fille. Même sans être fan de dinosaures, on est passionné.Ce que l’on voit à Angeac, c’est fou. J’espère que l’émission va contribuer à susciter l’intérêt, d’autant que l’on est très bien reçu là-bas par des passionnés. Jean-François Tournepiche, par exemple.Il est un des personnages phares du film.Il nous raconte ce territoire qu’il connaît si bien, en tant que géologue.
Le cognac, lui, vous connaissiez…
J’imaginais un territoire plat couvert de vignes. En fait, c’est un relief doux mais vallonné. Et découvrir les secrets du cognac, l’art de la distillation, ça change des séquences «vins» habituelles.C’est vraiment très particulier et ça vaut le détour. Si vous ajoutez les châteaux comme celui de Bouteville, les paysages, on se dit qu’on ne peut pas passer à côté.
À la fin du fleuve, Rochefort et son imposant patrimoine.Qu’apportez-vous de neuf? On ne s’est pas attardé sur les sites les plus connus comme la Corderie royale, pour privilégier des lieux plus confidentiels. L’hôpital de la Marine, par exemple, un impressionnant vaisseau en pleine ville, qui n’est pas visitable.Il a fallu se battre pour y tourner.
C’est un endroit énorme que les téléspectateurs vont découvrir. Nous avons aussi insisté sur le chantier de la maison de Pierre Loti. Derrière les meubles, on découvre tant de choses. Sur l’estuaire, on entre dans le fort Lupin. Lui non plus n’est pas ouvert au public.A Saintes aussi, le patrimoine est exceptionnel.On parle peu de son amphithéâtre, alors qu’il est superbe, construit avant le Colisée à Rome.
Sur ce voyage de 400 km, votre coup de cœur? Saint-Sauvant, mais je ne peux pas dire pourquoi. Ce village perché, si surprenant, je m’y suis sentie bien. Entrer dans l’estuaire dans un cargo énorme, aux côtés du capitaine, restera aussi une inoubliable expérience.
«Des racines et des ailes» – Sur les rives de la Charente», mercredi 30 mars à 20h45 sur France 3.
« Des retours très positifs »
Le magazine de France 3 s’est déjà intéressé à la Charente avec un reportage sur Aubeterre en 2014, un sur le château de La Mercerie en 2013, et un autre sur Verteuil en 2012.Et dans les trois cas, le nombre de visiteurs a fait un bond, plus de 2.000 en plus dans les jours suivants, selon les offices de tourisme. «Avec une émission de cette envergure, on a toujours des retours très positifs», confirme Laure Thomas, à Charente Tourisme. «Chaque fois que de belles images sont diffusées, c’est bon pour le territoire.» Elle-même contacte régulièrement les maisons de production «pour leur soumettre des idées». Ce fut le cas pour ce reportage sur le fleuve: «Quand j’ai appris qu’ils préparaient cette émission, je les ai appelés pour leur fournir des contacts», poursuit l’attachée de presse. «Le site d’Angeac, par exemple, est très connu des spécialistes, mais pas encore du grand public.L’émission peut y contribuer.» Idem pour «Météo à la carte», l’émission de Laurent Romejko sur France 3, qui a consacré mardi dernier un sujet élogieux à Angoulême: «Il y aura forcément des retombées», assure Laure Thomas, qui annonce les diffusions prochaines de reportages plus modestes sur D8, sur Citizen, mais aussi dans «Épicerie fine», sur TV5, qui vient de tourner à La Cueillette Fabulette, à Angoulême, et à la chèvrerie Jousseaume à Roullet. Côté gastronomie, la Charente peut aussi compter sur Jean-Luc Petitrenaud qui a déjà fait plusieurs «Escapades» en Charente, à L’Yeuse, à La Ruelle: «A chaque passage, je lui présente un autre chef. Il revient en mai à La Grange aux oies.» Là encore, l’impact est immédiat pour ces établissements mis en lumière par France 5