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Quelles sont les langues qui ont influencé le français ? Ta langue en dit long, une coproduction TV5 Monde et Ina, vous raconte l’histoire des mots. Dans cet épisode, nous nous intéressons aux origines japonaises de nombreux mots de notre vocabulaire.
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Un kamikaze, c’est un terroriste, n’est-ce pas ? Eh bien… pas tout à fait. En japonais, kamikazé veut dire « vent sacré » 神風. Ce mot évoque la tempête qui, au XIIIe siècle, détruisit miraculeusement une flotte d’invasion mongole. Pendant la seconde Guerre Mondiale, il servit à désigner les pilotes nippons qui jetaient leur avion sur les navires américains. D’où le sens moderne de kamikaze, qui qualifie l’auteur d’un attentant suicide.
La plupart des mots d’origine nippone relèvent du lexique guerrier. Ils ont été introduits en français au XIXe siècle par le japonisme, un courant artistique. Ainsi samouraï, l’équivalent de notre chevalier médiéval. Mikado, qui désigne l’empereur, et pas seulement un jeu de baguettes de bois. Banzai, littéralement « dix mille ans », « longue vie au roi », le cri des kamikazes. Et des sports de combat comme l’aikido, « voie de la paix », ou le karaté, « voie de la main vide ».
Il y a une exception : mousmé, du japonais musume, 娘, qualifiant une délicate jeune fille. Popularisé par l’écrivain Pierre Loti, ce mot désigne désormais une demoiselle aux moeurs légères.
Si les Français sont fascinés par les Nippons, la réciproque est vraie. La France, c’est le pays des arts, de la gastronomie et des beaux vêtements… Séduits, les Japonais ont adopté des mots comme croissant, kurowassan, クロワッサン ; pot-au-feu, potofu, ポトフ ; ou haute couture, ōtokuchūru オートクチュール…
L’expression « dessin animé » a fait carrément l’aller & retour Paris-Tokyo-Paris ! Inventée en France il y a un siècle, elle est devenue « anime » アニメ en langue japonaise, puis elle a été réimportée en français, où anime désigne désormais une animation adaptée d’un manga.
Mais s’il y a un terme nippon qui fait un tabac, c’est bien tsunami ! En français classique, on disait « raz de marée », du viking « ras », qui désignait un courant rapide. Depuis la catastrophe de Fukushima, on lui préfère le mot tsunami, autrement plus dramatique que notre pauvre raz.
Alors je récapitule. Si nous craignons les tsunami et jouons au mikado, c’est parce que les mousmés et les kamikaze ont épaté nos aïeux !
Décidément, ta langue en dit long !