26 mai 1915 : Raymond Poincaré, Pierre Loti et la question turque

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Le mercredi 26 mai 1915, le président de la République, Raymond Poincaré, reçoit le général Albert d’Amade qui est de retour des Dardanelles et il le trouve beaucoup moins pessimiste qu’il ne l’avait été au Caire en Egypte dans ses conversations avec Defrance. Il croit que dans un mois, les soldats français seront maîtres de la presqu’île. Il espère même que les Turcs feront demander la paix à la France auparavant !

De son côté Pierre Loti écrit à Poincaré :  « Les Turcs avaient prévu et consenti d’avance la clause de la présence des délégués anglais et russe à la conversation. Il n’y a donc plus de difficultés de ce côté-là ; c’est entendu. Ils ne font de marchandage que pour le délégué italien, objectant avec quelques raison que l’Italie ne leur a pas encore déclaré la guerre ; mais il céderont sans doute et, vu l’urgence, on pourrait peut-être passer outre. Ils proposent qu’un diplomate turc, soit Djavid, soit Tallat, appelé par dépêche se rendrait dans une ville suisse choisie par les Alliés. Une fois que sa présence y serait signalée et prouvée, les délégués des Alliés viendraient en secret le rejoindre. Ils ne posent aucune condition préliminaire à ces entretiens, cela me semble donc très acceptable. Djavid arriverait plus vite que Talaat, parce qu’il est à Berlin, mais depuis trois jours seulement, et venu pour tout autre chose. Mais Talaat m’inspire plus de confiance. S’il était dans les choses possibles de savoir aujourd’hui avant huit heures du soir, par les ambassades, si la Russie et l’Angleterre consentiraient à envoyer en Suisse leurs délégués, précédés d’un jour ou deux par le délégué turc au rendez-vous, je ferais partir par le train de neuf heures du soir pour Genève, un émissaire qui télégraphierait aussitôt, à mots couverts, à Djavid ou Talaat. Ainsi nous ne perdrions pas de temps. Il reste entendu , cela va sans dire, que les hostilités continueraient pendant la conversation, comme si de rien n’était. Tallat et Djavid sont, à cette heure, les deux dirigeants de la Turquie. Enver est brûlé « .

« Loti diplomate et négociateur, tout arrive », note Poincaré. Le chef de l’Etat prévient René Viviani, le président du Conseil et Théophile Delcassé, le ministre des Affaires étrangères qui sont d’avis qu’on laisse venir Talaat en France même, s’il est réellement prêt à faire le voyage. Poincaré fait informer Londres et Petrograd et en informe Pierre Loti.

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