A La Une Charente Maritime Rochefort
Publié le 14/11/2017 à 10h31. Mis à jour à 17h09.
http://www.sudouest.fr/2017/11/14/quand-la-maison-d-e-pierre-loti-pose-nue-3945957-1504.php
Christelle Plessis présente des photos prises dans la maison de Loti à Rochefort, fermée en 2012. Une poésie qui raconte ce qu’il reste quand il n’y a plus rien.
Derrière l’objectif, Christelle Plessis regarde bien sûr. Mais elle est de ces photographes qui écoutent les lieux et ressentent ce qui a disparu. Ce qui l’anime, c’est la trace, ce témoin de la mémoire et cette empreinte parfois ineffable qui maintient vivant ce qui fut.
Avec douceur et parfois même brutalité, mais tout en poésie et beauté, cette artiste sensible nous raconte « sa » maison Pierre Loti. Et nous la fait découvrir telle qu’on ne l’a jamais vue : nue, mais pas vide ; sans fard, mais pas sans histoire.
Suivre à la trace
« Quand je photographie, mon idée c’est de suivre la trace de quelqu’un en explorant un lieu. Pour moi, il s’agit de ressentir l’histoire d’un endroit par des éléments ineffables, mais que l’on peut voir encore », raconte la jeune femme qui assume le fait d’imaginer une histoire, sans objectivité, mais en suivant son instinct et ses rêves.
Bien sûr, quand la Ville lui a passé commande pour aller photographier la maison natale de Pierre Loti, elle était folle de joie. « D’autant que c’est une carte blanche que l’on m’a accordée. Le seul mot d’ordre, c’était de livrer des traces de cette belle endormie à travers mon regard. »
Voilà comment cette Rochefortaise d’adoption s’est retrouvée chez Loti, en invitée de choix. Elle s’y est installée seule, libre de dialoguer avec ce que lui racontaient ces murs. Quand on sait combien Loti le fantasque a transformé sa maison, forcément il lui a donné une âme. Aux multiples facettes sans doute comme pour ressembler à ce qu’il fut : auteur, photographe, dessinateur, marin ou académicien.
Au-delà du réel
« Radiographie d’une maison » raconte l’esprit des lieux. Ce qu’on voit sans voir, Christelle Plessis le capte et le fixe sur la pellicule (même si elle travaille en numérique !). Ses quelque cent photos, qu’elles soient en noir et blanc ou en couleurs, vont encore plus loin en livrant Loti, dans son intimité. Au-delà de ses masques, de ses déguisements et derrière les mises en scène de sa maison, qui était-il vraiment ?
« J’ai lu des textes de Loti pour m’imprégner de son rapport mélancolique à sa maison : il est né ici, y a habité, a transformé et décoré les lieux. Quand il vivait là, il pensait à ailleurs. Loin d’ici, il pensait à sa maison. Et puis tout le monde est mort ici aussi, sa tante, sa mère, bref, c’est son tombeau aussi, c’est lourd. »
Mais cette nostalgie n’effraie pas Christelle Plessis. Au contraire, elle l’intéresse. « La perte, l’absence, la mort, c’est passionnant, c’est la vie, et je veux regarder tout ça en face. » Ce peut être brutal, mais l’artiste assume. « Certains ne s’attendent pas à voir la maison de Loti un peu décrépie, abîmée, ridée. Car plus aucun meuble, plus aucun décor ne la protège », déclare celle qui pense que les artistes contemporains apportent une autre manière de voir le patrimoine : pas figée, vivante.
Expo jusqu’au 11 mars au musée Hèbre à Rochefort.
Ouvert du mardi au vendredi, de 10 à 12 heures ; samedi et dimanche, de 14 à 18 heures. Gratuit.
Visite de l’exposition avec l’artiste et le conservateur vendredi 24 novembre, à 18 heures, et aussi visites couplées maison 3D + expo, et ateliers pour enfants.
Tél. 05 46 82 91 60.
Courriel : service.des.publics@ville-rochefort.fr.
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