Les yeux fertiles des Marquises

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info – 02.05.2016 par Axelle Corty

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Récipient en forme d’oiseau et son couvercle, kotue ôtue, Nuku Hiva, îles Marquises, première moitié du XIXe siècle, bois, 45 x 19 x 24 (Cannes, musée de la Castre).

Archipel fantasmé par les marins et les artistes, les îles Marquises furent quasiment décimées et acculturées au XXe siècle. Aujourd’hui, elles proclament haut et fort la régénération de leur culture. Le musée du Quai Branly, à Paris, raconte cette saga identitaire.

La commissaire de l’exposition, Carol S. Ivory, est professeur d’histoire de l’art du Pacifique à la Washington State University. Elle a demandé à des Marquisiens le titre qu’ils donneraient à l’événement. Ils ont choisi « Matahoata », ce qui signifie « voir avec des yeux » (mata) « éclairés » (hoata). « Ce mot puissant évoque un « regard éclairé » sur une culture, explique-t-elle. Avec ce titre, nous voulons matérialiser l’idée d’une meilleure compréhension des arts et de la société des îles Marquises aux yeux des Marquisiens mais aussi des Occidentaux. » Car incontestablement, les Marquises ont influencé nos critères esthétiques. À l’évocation de l’archipel, on pense aux belles alanguies de Gauguin ou aux paroles des Marquises de Jacques Brel. Les écrivains ont, eux aussi, été attirés comme des aimants par ces onze îles, les plus isolées de Polynésie. Ce fut le cas pour Pierre Loti, Herman Melville, Jack London et Robert Louis Stevenson. Il faut aussi parler du tatouage, cet immense phénomène actuel des sociétés occidentales. La tradition marquisienne fait référence en la matière. Les tatouages à l’encre noire des guerriers de haut rang, qui mettaient en valeur l’ANATOMIE, avaient joué un rôle dans la séduction exercée par les Marquisiens sur les explorateurs. « Les premiers visiteurs européens les ont trouvés extrêmement attirants, grands, athlétiques et bien constitués », rappelle Carol Ivory dans le catalogue de « Matahoata ». « James Cook déclara qu’ils étaient  » sans conteste la plus belle race d’hommes de cette mer « . » Cette vision éblouie des habitants des Marquises se traduit par le grand nombre d’artefacts rapportés par les voyageurs en Europe dès l’époque de Cook, et par les nombreux dessins et gravures des XVIIIe et XIXe siècles qui représentent les autochtones.

Lire la suite dans le Magazine Connaissance des Arts Mai 2016

Axelle Corty Journaliste