La présence exceptionnelle de l’écrivain Patrick Deville à L’Envolée des livres à Châteauroux du 7 au 8 mai, invitera le public à comprendre la démarche du « roman sans fiction ».
De l’œuvre de Patrick Deville, on peut longuement discuter. On peut dire, par exemple, que le voyage y est au centre, que ce dernier aura servi de fil conducteur à sa prose mais en aura aussi été le prétexte. Une tendance qui se sera renforcée, radicalisée, même, il y a vingt-cinq années, lorsque l’auteur se lance dans ce projet qui l’accapare encore aujourd’hui : une série de douze romans dont il a achevé le huitième en 2021 : Fenua.
Ses romans tendent un miroir au monde
Un ensemble né de plusieurs contraintes : s’appuyer sur des personnages et des lieux réels ; partir chaque fois de l’année 1860, à la fois « lointaine et proche » ; renoncer à la fiction, suivre les vies de personnalités voyageuses, « suffisamment passionnantes et romanesques pour qu’il n’y ait pas besoin de recourir à l’imagination ».
On se souvient de Peste et Choléra, paru en 2012, récit sans fioritures où l’on suit la trace d’Alexandre Yersin, bactériologiste, explorateur, découvreur du bacille de la peste. On se rappelle possiblement de Viva, édité en 2014, dans lequel on rencontre l’artiste mexicaine Frida Kahlo, le révolutionnaire Léon Trotsky et l’écrivain Malcolm Lowry…
« Ce sont des romans sans fiction, insiste Patrick Deville. Ils suivent les pas d’artistes, d’écrivains, de scientifiques, de politiques… d’individus dont la tumultueuse existence m’a captivé. Mon écriture part d’abord des lieux : un par livre, imposé d’avance. Je me rends sur place, m’immerge dans leur géographie contemporaine mais explore aussi leur passé, les archives. Dans Fenua, par exemple, on arrive en Polynésie. Sur la piste anglophone de Jack London qui suivait lui-même celle de Stevenson, qui suivait celle de Melville. Des traces de traces qui s’emboîtent les unes dans les autres, nous plongeant dans une continuité, un entremêlement d’existences qui eut aussi son pendant francophone : Segalen sur les traces de Gauguin, Gauguin sur celles de Pierre Loti… »
« Je situe la date dans un contexte général »
Chevillés au réel, à la fois indépendants et reliés entre eux, ces douze romans, dont les deux tiers sont déjà parus, tendent aussi un miroir au monde : « Lorsque j’évoque une date, je m’applique toujours à la situer dans un contexte général, à la mettre en parallèle d’autres événements. » Et quand on lui demande s’il connaît déjà la teneur des prochains livres, Patrick Deville répond : « J’en connais la trame. L’inconnu surgira du moment où je les écrirai. »
Les prix littéraires de la ville de Châteauroux
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Patrick Deville, invité exceptionnel de L’Envolée des livres 2022 (lanouvellerepublique.fr)