VIAUD Gustave (1838-1865). Premier photographe de Tahiti.

Gustave ViaudLouis Gustave Viaud, frère aîné de Julien (Pierre Loti) est né à Rochefort (Charente-Maritime) le 25 avril 1836. Sorti de l’École de médecine navale de Rochefort le 16 mai 1858, il est chirurgien de marine et arrive à Tahiti le 11 juin 1859.

Il possédait un appareil qui exigeait des temps de pose très longs, entre 5 et 15 minutes, qui l’obligeaient à ne prendre que des paysages. Gustave Viaud laisse 25 vues de Papeete qui constituent autant de documents historiques.

Si divers documents militaires, émanant du chef du service de santé, précisent les dates d’ordres de mission pour accompagner des soldats, se rendre dans un hôpital, visiter des malades, aller vacciner des enfants, on sait que Gustave a souvent voyagé à travers l’archipel, non en dilettante, mais dans le cadre de déplacements à caractère sanitaire et n’est pas resté cloîtré à Papeete. Des «tournées scientifiques» l’ont conduit de district en district, loin du chef-lieu, aux Tuamotu en mai-juin 1861, aux îles Sous-le-Vent (Raiatea, Tahaa, Huahine, Bora-Bora) en septembre-octobre 1861, à Moorea en novembre suivant, au fort de Taravao (sur l’isthme de la presqu’île de Taiarapu) fin 1861-début 1862.

Puis il rejoignit la province cochinchinoise de Bà-Ria après qu’une des premières rebellions anti françaises eut été écrasée: « On était loin de nous attendre comme des sauveurs; la révolte réprimée partout, n’avait plus que des défenseurs démoralisés », écrira-t-il plus tard.

En mai 1863, il reçoit l’ordre de rejoindre l’île de Poulo-Condor et son bagne naissant dont il sera le premier médecin.Il devra faire face à la maladie puis à la mort du directeur du bagne, l’enseigne Bizot, pour cause de dysenterie aiguë, maladie qui se soignait mal à l’époque. Puis, en tant que directeur provisoire en attendant le successeur de Bizot, il échappe à une tentative d’empoisonnement qui sera sévèrement réprimée. Enfin, une violente épidémie de choléra durera deux mois et fera de 65 à 70 morts sur 450 habitants.À la fin de 1864, il est à son tour atteint de dysenterie. Le 8 février 1865, il est transporté à Saigon où, devant la gravité du mal, son rapatriement sanitaire est décidé. Il quitte Saigon le 3 mars sur l’Alphé et décède à bord le 10 mars. Le 11 mars 1865 a lieu l’émouvante cérémonie de l’immersion dans le golfe du Bengale, par 6°11′ de latitude nord et 84°48′ de longitude est :

L’immersion a lieu vingt-quatre heures après [sa mort], avec les honneurs militaires réglementaires dus aux officiers. Après la veillée funèbre dans la chambre de repos de l’entrepont, le corps, enveloppé dans plusieurs carrés de toile grise cousus, est porté sur la dunette, où sont réunis tous les officiers autour du commandant Boilevé. Une grande planche est posée en travers du bastingage, en porte à faux, au-dessus de la mer. Un drapeau tricolore est étendu sur la dépouille qu’on couche sur la planche. L’aumônier récite des prières et toutes les têtes se découvrent. Au commandement, la planche bascule, et on entend le bruit sourd de la chute dans l’eau, pendant que tonne le petit canon de l’arrière… 

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Les archives et photos prises par Gustave Viaud sont conservées dans le musée Pierre Loti à Rochefort.
L’Organisation hydrographique internationale a donné le nom de Viaud Ridge à une chaîne de montagnessous-marines de l’océan Indien, située à proximité de l’endroit où il est mort et fut immergé le lendemain de sa mort.

 

Le Motu Uta, îlot de villégiature de la Reine Pomaré IV (photo de Gustave Viaud)

Le Motu Uta, îlot de villégiature de la Reine Pomaré IV (photo de Gustave Viaud)

 

Le pénitencier de Poulo-Condor

Le pénitencier de Poulo-Condor