Voyages d’exception programme deux fois par an la croisière « Terre de glace et de feu ». « Le Point » a testé ce tour complet de l’Islande en neuf étapes.
Par Céline Baussay
Ce matin, à travers les hublots et les baies vitrées de l’Ocean Diamond, le regard ne se porte pas loin : l’horizon est bouché et il pleut. En Islande, même au début de l’été, la météo est capricieuse, mais elle sait apporter de belles récompenses à la patience, à commencer par des lumières changeantes, hypnotiques, qui irradient les paysages de nature sauvage. Contrairement aux précédentes, très calmes, cette nuit a été bercée par le roulis. « Enfin, nous avons eu la sensation de dormir sur un bateau ! » se réjouit Michel, un passager.
Les pêcheurs d’Islande
L’excursion de l’après-midi fait écho à la conférence de ce matin consacrée à la pêche en Islande : elle débute à Faskruodsfjordur, où, surprise, les noms de rues sont traduits en français et où flotte le drapeau bleu-blanc-rouge. Ce charmant village en bord de fjord fut en effet le port d’attache de Français, des Bretons surtout, qui à la fin du XIXe siècle et au début du XXe ont participé à des campagnes de pêche à la morue extraordinairement pénibles et interminables.
Nombre d’entre eux ont été gravement blessés ou ont péri en mer lors de naufrages. Un musée installé dans la maison du docteur français qui exerçait alors sur place, considéré comme le tout premier hôpital bâti en Islande, propose des reconstitutions fidèles, avec des mannequins très réalistes, de sa salle d’attente et d’une cabine de bateau exiguë. Il expose les maquettes d’une goélette et d’un Dundee, des outils de navigation, et diffuse un film avec des images d’archives émouvantes. La visite se poursuit avec la chapelle désacralisée et le petit cimetière avec 49 tombes de matelots français. C’est sûr, au retour, il faudra relire Pêcheurs d’Islande, le roman de Pierre Loti, qui décrit si bien cette période de « pêche à Islande » comme on l’appelait alors.
D’un fjord à l’autre, l’excursion s’achève à Sunnuhlio, dans la maison et surtout le jardin d’une star locale, Petra Sveinsdottir, décédée il y a quelques années. Ici sont exposés les pierres et minéraux d’une collection qu’elle a constituée en plus de 70 ans, essentiellement en Islande. Il y en a de toutes les formes, lisses ou découpées, et de toutes les couleurs, blanches, bleutées, brunes, grises… Aucun recensement n’a pu être effectué, mais leur nombre est estimé à plusieurs dizaines de milliers !
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