La maison de Pierre Loti, qu’il a transformée en véritable musée, est fermée depuis 2012. La rénovation débute doucement, grâce au Loto du patrimoine.
La maison de Pierre Loti survivra-t-elle au succès qui a failli causer sa perte ? Achetée par la ville de Rochefort, en Charente-Maritime, à la mort de son héritier en 1969, elle a été « ouverte à tous les vents », jetée en pâture à ses admirateurs qui seront jusqu’à 40.000 par an à la visiter. Mais la maison familiale, devenue musée, cabinet de curiosités et véritable œuvre de l’écrivain-voyageur était déjà un écrin fragile : Pierre Loti l’a beaucoup modifiée, touchant parfois à des murs porteurs et accumulant des objets et des matériaux qui pèsent sur les étages. La mosquée, toute en marbre, repose ainsi pour partie sur la salle Renaissance, et donc sur une hauteur de vide considérable, au deuxième étage.
Après une prise de conscience et la réduction du nombre de visites par petits groupes dans les années 90, plusieurs études révèlent une altération générale importante des collections. En 2012, la cheminée du salon rouge bouge pendant une visite. C’est l’élément déclencheur qui fait prendre conscience de l’état du bâtiment. La maison est fermée au public en octobre. Depuis, elle a été vidée et il est question d’établir un diagnostic : les planchers sont sondés et les tissus ornementaux ont laissé apparaître les anciennes tapisseries. La maison a souffert des insectes, des champignons et de l’humidité, due au climat rochefortais mais aussi à l’emplacement dans la ville basse marécageuse.
Les boiseries de la salle gothique comme le plafond en peuplier vieux de trois siècles de la mosquée ont été dévorés par les petites vrillettes, des coléoptères qui, comme les termites, creusent des galeries.
« Éviter un effet Disneyland et garder l’authenticité »
La question se pose désormais pour la ville : comment restaurer la maison? « Il y a deux écoles, explique Aurélie Haussmann, adjointe au conservateur du musée Hèbre et de la maison, soit on reconstitue complètement la partie manquante d’un meuble mangé soit on considère que cela fait partie de sa vie. »
Idem pour les nombreux tissus dont les couleurs sont passées. La restauration conservera a priori un côté patiné « car on ne sait pas dans quel état Pierre Loti les a acquises et on veut éviter un effet Disneyland, garder l’authenticité. » Le chantier de rénovation est loin d’être achevé et même entamé. Une première tranche de restauration d’objets a eu lieu grâce à la Fondation du patrimoine. 72 armes orientales sont ainsi exposées depuis cet été au musée (1). La Fondation s’attelle maintenant à la levée, grâce au mécénat, des 1,5 million € qui permettront, cumulés aux 6 millions mobilisés par l’État, la Région et le Département, de sauver la maison en elle-même, avec le concours de la Ville. Un projet qui a reçu le coup de pouce de la mission Stéphane Bern : grâce au Loto du patrimoine, un chèque de 390.000 € est arrivé dans les caisses en septembre.
Il va servir uniquement à la stabilisation du plafond de la mosquée, dont 33% de la masse de bois a été dévorée par les petites vrillettes. « 390.000 €, ça peut paraître anecdotique sur un projet comme celui-là, mais cela a permis une visibilité du lieu et une prise de conscience rapide que l’on pouvait perdre la maison », explique Aurélie Haussmann.
Le chantier, qui devrait débuter dans un an, reste titanesque. « Il faudrait mettre la maison sous cloche mais ce n’est pas possible », détaille Bénédicte Lafarge, chargée de la médiation au musée. « Nous sommes entourés de maisons qu’il ne faut pas fragiliser. Par la complexité des pièces, des matériaux utilisés, les différences d’époques et d’états, il faut faire appel à des spécialistes aussi bien de l’histoire de l’art de la boiserie que pour la structure même de la maison. Ce qui en fait un chantier éminemment complexe dans un contexte urbain très dense. » Au mieux, la maison pourrait rouvrir ses portes en 2023.
(1) Le musée Hèbre, 63 avenue Charles de Gaulle à Rochefort est ouvert du mardi au samedi de 10h à 12h30 et de 14h à 18h. Plus d’infos au 05.46.82.91.60.
Repères
> Pierre Loti (1850-1923), de son vrai nom Julien Viaud, est écrivain et officier de marine français. Il s’est beaucoup inspiré de son enfance et de ses voyages dont il ramenait quantité d’objets amassés dans la maison familiale
de Rochefort.
> La maison compte 25 à 30 pièces et s’étend sur 1.040 m², 15 pièces disposent de décors inspirés de ses voyages notamment en Orient.
> Depuis son acquisition par la famille en 1802, Pierre Loti a ajouté un étage. Entre 1870 et 1907, la maison est sans cesse modifiée : c’est un chantier permanent.
> En 1923, à la mort de l’écrivain, son fils hérite de la maison. Il va modifier certains décors et vendre des objets en respectant les souhaits de son père qui tenait surtout à ce qui avait trait à son enfance.
https://centre-presse.fr/article-642599-decorer-l-obsession-de-pierre-loti.html
Et pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur la maison de Pierre Loti à Rochefort :
* Nous leur conseillons de parcourir la rubrique très détaillée de notre site qui lui est consacrée : elle présente d’abord cette vieille demeure familiale où Pierre Loti est né en 1850, qu’il a rachetée à sa mère en 1871, et dont il a fait “Une Maison enchantée” en la transformant, en l’aménageant, et en la décorant richement au fil des ans avec tous les extraordinaires souvenirs rapportés de ses voyages …
La rubrique présente ensuite la maison dans son état de délabrement actuel, ainsi que tous les travaux de rénovation en cours et à venir.
Elle est directement accessible en cliquant sur le lien –> http://pierreloti.eu/?cat=117
* Il est possible d’avoir une idée plus précise encore sur la maison de Pierre Loti , au temps de sa splendeur, dans son état actuel, et sur les projets de sa rénovation, en faisant une passionnante visite en 3 D commentée et accessible en cliquant sur le lien –> https://www.youtube.com/watch?v=KSRL08IrG78
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