Pierre Schill Chercheur associé au laboratoire CRISES de l’Université Paul Valéry – Montpellier 3 nous signale la parution de l’ouvrage Réveiller l’archive d’une guerre coloniale car il évoque Pierre Loti. Ce livre est consacré à l’expérience de guerre vécue par l’écrivain Gaston Chérau, missionné par Le Matin pour couvrir la guerre italo-turque en Tripolitaine (1911-1912). Il y est notamment question de la position adoptée par Loti au moment de ce conflit et particulièrement de sa critique du rôle joué par les reporters français -dont Chérau – travaillant « aux côtés » des Italiens. Il se trouve par ailleurs que Chérau écrivit la nécrologie de Loti parue dans L’Illustration, en signe de son admiration pour l’écrivain turcophile qui ne l’avait pourtant pas ménagé quelques années auparavant.
Pierre Schill, Réveiller l’archive d’une guerre coloniale. Photographies et écrits de Gaston Chérau, correspondant de guerre lors du conflit italo-turc pour la Libye (1911-1912), Créaphis, 2018, 480 p. Avec des contributions de Caroline Recher, Smaranda Olcèse, Mathieu Larnaudie et Quentin Deluermoz. Relié, cartonné, 165 x 225 mm, 230 photographies, plusieurs papiers de création, 35 euros. Diffusion INTERFORUM ; ISBN 978–2–35428–141–0 http://www.editions-creaphis.com/ https://bnf.hypotheses.org/6789
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Romancier en vue de la Belle Époque et photographe amateur, Gaston Chérau (1872-1937) devient correspondant de guerre lors du conflit italo-turc pour la Libye (1911-1912). Ses 200 photographies, ses articles dans le journal Le Matin, sa correspondance privée et un texte réminiscent publié en 1926 dévoilent comment ce néophyte affronte une guerre en contexte colonial, un « ailleurs » qui le confronte à la mort, à la violence et à l’étranger. En nous plongeant dans le travail et le quotidien d’un reporter aux débuts du photojournalisme, cette documentation inédite et sa mise en perspective historique révèlent comment ce témoin est tiraillé entre sa mission de rendre compte des événements, d’abord guerriers mais aussi l’instauration d’une violence « régulée » par pendaison publique, et sa manipulation par les belligérants et les journaux. Elle permet dès lors de montrer comment cette expérience condense de multiples enjeux – principalement politiques et éthiques – liés à la fabrique de l’actualité. C’est seulement en restituant la part qui revient à chacun des protagonistes dans la construction du récit journalistique que l’on peut mesurer la manière dont le correspondant de guerre, témoin singulier généralement peu questionné dans l’historiographie de la guerre, engage sa responsabilité. La seconde partie de l’ouvrage propose une analyse réflexive du projet « À fendre le cœur le plus dur » qui a donné lieu au partage de cette source historique avec des artistes et à la production d’une exposition. Les artistes sont les écrivains, Jérôme Ferrari (prix Goncourt 2012) et Oliver Rohe, la plasticienne, Agnès Geoffray, et le danseur-chorégraphe, Emmanuel Eggermont. L’exposition a fait entrer en résonance l’archive avec ces créations et les oeuvres d’autres artistes contemporains ayant abordé dans différents contextes guerriers la question du témoignage et de la violence de guerre. À propos de l’exposition « À fendre le cœur le plus dur » : https://www.artpress.com/2016/02/09/a-fendre-le-coeur-le-plus-dur/
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