Édifiée en 1896, la salle Renaissance se caractérise par son escalier monumental, réalisé par des artisans locaux d’après des dessins de Pierre Loti.
© Photo NR
Dans la salle dite de la mosquée, le plafond et les murs couverts d’émaux et de feuilles d’or seront nettoyés sur place pour retrouver leur patine du 19e siècle.
© Photo NR
Comme le reste des boiseries de la maison, le mobilier médiéval de la salle gothique a été victime d’insectes xylophages. Les traitements sont toujours en cours.
© Photo NR
À Rochefort, la maison de l’écrivain Pierre-Loti s’engage cet automne dans la tranche majeure de ses travaux de restauration, lancés il y a 5 ans.
Ici dans cette salle dite Renaissance, Pierre Loti avait habitude de recevoir. Quand l’invité arrivait, il découvrait ce grand espace où l’écrivain l’attendait debout sur l’escalier, en se tenant plus ou moins haut sur les marches en fonction de la position sociale de son visiteur, dans le but d’impressionner. Racontée par le conservateur des musées de Rochefort Claude Stefani, l’anecdote est à l’image de la démesure de la maison de l’Illustre. Une quarantaine de pièces richement décorées et meublées d’objets historiques ou orientaux, réparties sur trois maisons de ville successivement rachetées par Pierre Loti au fur et à mesure de ses velléités d’agrandissement, pour compléter la maison familiale de Rochefort. Ouverte à la visite à partir de 1973, la demeure fut fermée en 2012 à cause de sa grande dégradation.
« Pierre Loti a fragilisé l’ensemble de la construction »
Après une longue phase de diagnostic, un appel aux dons en 2017 puis le Loto du patrimoine un an plus tard avaient permis de réaliser une première partie des restaurations, sur les objets en métal et sur le plafond de la salle dite de la mosquée. Depuis, deux des façades extérieures et une partie de la toiture ont également été refaites. Mais ces premiers travaux d’envergure ne représentent qu’une infime partie d’un chantier colossal estimé à 10 millions d’euros. La prochaine étape concerne cette fameuse salle Renaissance, où Pierre Loti aimait donner des fêtes somptueuses. Les restaurations vont concerner la haute cheminée de pierre de style gothique finissant. Elles seront faites « in situ, notamment à cause du décor en bois sculpté, qui n’est pas déposable car très fragile », explique Elsa Ricaud, architecte du patrimoine en charge du chantier. Les parquets retrouveront leur lustre d’époque, ainsi que les tapisseries bruxelloises du 17e siècle habituellement tendues le long des murs. La pièce sera mise aux normes de sécurité et isolée en vue d’obtenir une stabilité thermique et hygrométrique, pour préserver les œuvres de la dégradation. Le plus gros du chantier va concerner la structure de l’édifice. « Pour obtenir cette pièce monumentale surélevée d’une tribune, Pierre Loti a éventré l’étage initial. Le problème, c’est que structurellement la maison n’était pas prévue pour ça », explique Elsa Ricaud. En s’improvisant architecte, Pierre Loti a fragilisé l’ensemble de la construction, déjà posée sur un sol instable, argileux. Les travaux de consolidations des murs, du plafond et des fondations vont démarrer cet automne. La Fondation du patrimoine et la Ville de Rochefort, propriétaire du site, viennent de lancer un appel aux dons pour couvrir près de la moitié du coût du chantier, estimé à 335.000 €.