Après la vente annuelle régionaliste de Guéthary, organisée cet été par l’étude Carrère et Laborie, les peintres basques continuent cet automne de faire recette un peu plus au nord. C’est en effet du côté de Saintes qu’il fallait se rendre le 8 octobre dernier pour contempler et tenter d’acquérir les œuvres du gratin.
Et comme souvent, c’est encore Ramiro Arrue qui a mené la danse. Après la « Partie de pelote » et son beau cadre en chêne (adjugés près de 75.000 euros) et le « Kotilun Gorri » (près de 20.000) à Guéthary, c’est une « Sortie de la messe à Saint-Martin-d’Arrossa » (auparavant propriété du restaurant luzien des Motels basques) qui a cette fois crevé le plafond avec un coup de marteau à plus de 64.000 euros.
Au-delà, le riche catalogue de cette vente automnale de Saintes était bien garni, avec un autre des frères Arrue, José, mais aussi Ferdinand Corrèges, Yvon Massé, François Maurice Roganeau, Gustave Henri Colin, René Maxime Choquet, Pedro Ribera, Pablo Tillac (dont une scène de pelote s’est vendue plus de 40.000 euros à Guéthary) ou encore Louis Floutier, maître ès paysages qui avait séduit cet été avec ses vues de la Rhune et dont s’est ici vendu un très beau « Chemin des contrebandiers de Bidart à Saint-Jean-de-Luz ».
Un Patio de caballos très convoité
Mais au cours de cette vente saintaise, organisée par Geoffroy – Bequet et le cabinet d’expertise Ravon, on aura aussi et surtout noté la jolie place accordée au travail du peintre bayonnais Henri-Achille Zo, avec une vingtaine d’œuvres proposées. Parmi celles-ci, une douzaine d’huiles représentant des scènes de corrida espagnole, entre « Entrée des picadors », « Estocade » et « Pleine charge du taureau brave ».
Deux beaux formats, en particulier, ont retenu l’attention des amateurs : un « Patio de caballos » et une scène intitulée « Dans l’attente du Paseo », respectivement adjugés 17.360 et 19.344 euros (soit environ le triple de leurs estimations). À la fois grandioses et spectaculaires, ces deux scènes montrent toute l’étendue du talent de Zo, mais aussi sa fascination pour la corrida et ses coulisses. Ainsi, le patio de la première figure ce lieu écarté de l’arène spécialement dédié aux officiers de corrida, les « alguazils ».
Cette passion pour la tauromachie, Zo l’a héritée d’un premier voyage en Espagne avec son père Jean-Baptiste Achille Zo (1826-1901), lui aussi peintre, l’un des premiers artisans de la naissance de l’école basque et le directeur des Beaux-Arts de Bordeaux. Élève de Bonnat à Paris, Henri-Achille s’est quant à lui illustré en remportant de nombreux prix (médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1900, prix Rosa-Bonheur en 1903, prix national en 1905).
Il s’est également signalé par ses dessins, notamment en illustrant des romans typiques tels que le « Ramuntcho » de Pierre Loti et le « À la mer » de Paul Margueritte. Chevalier de la Légion d’honneur et professeur à l’Académie Julian, Zo est mort dans un accident de la route à Onesse-Laharie.
Ajoutons que ces scènes de corrida n’étaient pas les seules œuvres d’Henri-Achille Zo à la vente à Saintes. On aura aussi noté une poignée de très beaux dessins au fusain sur le thème de la contrebande en Pays basque, une aquarelle et deux toiles plus typiquement basques, à savoir un « Bouvier devant la baie de Saint-Jean-de-Luz » et des « Labours le long de la Bidassoa ». Mais cette vente aura surtout permis de montrer qu’Henri-Achille Zo prenait aussi très bien la lumière de l’autre côté des Pyrénées…