D’une précédente rencontre, ces mots qui restent en suspens : « Je suis un hyperamnésique qui se soigne au vin blanc. » Faut-il le renfort d’un Chardonnay ou encore d’un Bourgogne aligoté, certes, mais l’écrivain Patrick Deville n’oublie pas. Une mémoire folle.

À son grand dam ou au bonheur de ses lecteurs qui, à travers une œuvre en marche, un voyage à travers le temps et l’espace auprès d’illustres aînés, avancent dans la vie de l’auteur. Ici aux côtés d’Alexandre Yersin, ce médecin pasteurien qui ne cherche pas mais trouve, dans Peste et Choléra. Là auprès de Bougainville, de Pierre Loti, de Gauguin (du Pouldu à la Maison du jouir) ou encore d’Alain Gerbault, dans Fenua, le petit dernier sous le soleil de Polynésie.

Œuvre abracadabrantesque

Ce sont des « romans sans fiction ». C’est l’expression de Patrick Deville, qui a grandi dans le lazaret de Mindin, en Loire-Atlantique, lui qui dirige la Maison des écrivains étrangers et traducteurs de Saint-Nazaire. Des romans sans fiction, mon œil, tellement il mène loin son lecteur, lui donne à goûter le sel des Hommes, l’entraîne dans les circonvolutions du monde, qu’il le regarde par le prisme tahitien, la tourmente mexicaine ou la moiteur vietnamienne.

Plus que quatre romans pour boucler ce projet « Abracadabra », formule magique que le petit Michel prononce dans Le tapis volant, conte de Mary Zimmerman. Livre premier où Patrick Deville apprend la magie des mots. La magie, ça ne se décrypte pas, ici ça se lit. Et à celui qui se laisse embarquer, heureux qui comme un lecteur, s’ouvre à un monde qui débute de façon obsessionnelle en 1860.

Pour suivre sa voie, découvrir la voix de Patrick Deville, un détour par la librairie A La Ligne s’impose.