Concerts. Le mouvement impressionniste ne fut pas que pictural. Le festival Normandie Impressionniste propose notamment des concerts, à Caen, Rouen ou encore Darnétal qui en sont la parfaite illustration.
PN
Publié par Paris-Normandie
Les voix de deux formations caennaises, Opus 14 et Voces Novae, toutes deux dirigées par l’instrumentiste, compositeur, arrangeur et professeur au Conservatoire de Caen Gilles Treille, vont porter cette création spécialement conçue pour le festival Normandie Impressionnisme, un concert dédié aux femmes.
Si Opus 14 est une formation vocale et instrumentale, plutôt académique et à géométrie variable, qui compte déjà vingt ans d’existence, Voces Novae a davantage vocation à permettre à des talents préprofessionnels de se familiariser avec le public, en présentant un répertoire très largement éclectique. «Ce concert est le fruit d’une réflexion menée avec le Musée des Beaux-Arts de Caen autour de la thématique de la mise en lumière des femmes, relate Gilles Treille. Pour élaborer ce programme, j’ai donc choisi de mettre à l’honneur des compositrices de la période impressionniste.» Des œuvres de Mel Bonis, Lili Boulanger, Cécile Chaminade et Germaine Tailleferre chantées par Opus 14 et Voces Novae alterneront avec des lectures de trois textes signés Eloïse Mataguez, cofondatrice de Voces Novae.
Grand Corps Malade et Juliette repris
Sous forme prosaïque ou poétique, ces textes aborderont le thème du travail et de la condition féminine, du XIXe siècle à nos jours, auxquels Eloïse Mataguez a souhaité associer Mesdames, le texte d’une chanson de Grand Corps Malade.
Un duo interprétant Rimes féminines, une chanson signée Juliette, viendra clore le concert. Avant cette représentation donnée au Musée des Beaux-Arts de Caen, l’ensemble Opus 14 participera également au récital de la mezzo-soprano Daïa Durimel – soliste au chœur de Radio France – dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine, à l’Abbatiale de Fécamp, samedi 19 septembre à 20 h 45.
Présence féminine, par les ensembles Opus 14 et Voces Novae, dirigés par Gilles Treille. Musée des Beaux-Arts de Caen, samedi 26 septembre à 19h et 20h30.
Entre Orient et Occident
Izlenim signifie « impression » en langue turque. La pianiste Sarah Leroy Simon et la flûtiste Aline Poirier, qui ont fondé le duo Izlenim, rejointes depuis par le clarinettiste Oğuz Karakas, illustrent magistralement les échanges stylistiques entre les musiques occidentales et orientales, ainsi que le lien entre les traditions orales et celles, plus écrites de nos conservatoires.
«Nous avons créé un répertoire permettant d’apprécier l’influence des procédés orientaux (modalité, intervalles inédits, mesures inégales, polytonalité…) sur l’écriture française et inversement, comment la tradition occidentale –notamment à travers le courant impressionniste– a influé sur la nouvelle musique orientale et les pratiques du XXe siècle», résume Aline Poirier. L’esthétique impressionniste, le flou des représentations picturales, ont été traduits en musique, entre autres, par une superposition de modes différents. «On arrive en musique à quelque chose que l’on peut comparer à cette liberté, à ce naturel propre aux peintres impressionnistes», poursuit Aline Poirier. Des pièces de compositeurs français (Sancan, Meunier, Debussy, Girard) dialogueront avec des œuvres de compositeurs turques (Saygun, Zeki Un, Güran), entrecoupées delectures de poésies signées Nazim Hikmet, Pierre Loti et Orhan Veli.
Impression, couleur musicale, Ensemble Izlenim. Théâtre de l’écho du Robec à Darnetal, le 16 octobre à 20h30 et le 17 octobre à 20h30. Maîtrise Saint-Evode à Rouen le 19 octobre à 20h30 et le 20 octobre à 16h30 et 20h30. Maison de l’architecture à Rouen, le 4 décembre à 12h15 et le 5 décembre à 20h30.
La Maison illuminée chez Monet
Créée en 2014, la Maison illuminée est un ensemble de musiciens à géométrie variable (la soprano normande Juliette Raffin-Gay, le pianiste Paul Beynet, la flûtiste Luce Zurita, Delphine Latil à la harpe et Thibault Leroy au violoncelle), placé sous la direction artistique d’Oswald Sallaberger.
Aussi virtuose que vivante, cette formation explore souvent des répertoires qui vont du XVIIIe siècle au contemporain. «Parmi le bouquet de compositeurs de l’époque impressionniste, avant et après la fin du XIX siècle, j’ai choisi plusieurs noms pour leur fort attachement à la Normandie. Certains comme Albert Roussel y ont vécu (à Varengeville-sur-mer), d’autres y sont nés (André Caplet au Havre). Mais aussi pour leur rôle important dans l’impressionnisme musical comme Debussy et Saint Saëns.»
Dans l’atelier de Monet
Les Heures passent, une œuvre pour piano seul d’Albert Roussel, fournit la trame musicale de ce concert : chaque opus est suivi de morceaux de Debussy, Ravel, Mel Bonis, Albert Roussel, André Caplet interprétés par les solistes de la Maison illuminée. Jouer dans l’atelier Monet, à l’endroit même où le peintre a réalisé, de 1892 à 1893, une partie de sa fameuse série d’une trentaine de toiles représentant la cathédrale de Rouen, est particulièrement poignant pour Oswald Sallaberger. «Cette sensibilité se reflète dans la musique. Cet aspect créatif m’émeut beaucoup et la diversité de l’impressionnisme fut une source d’inspiration pour ce programme.» En préambule des deux concerts en soirée, le format gratuit et interactif d’une vingtaine de minutes, « la cabane illuminée », est offert au public. Une formule aussi qualitative mais plus décontractée, plus participative qui dédramatise le concert pour un public jeune ou non familier de la musique classique.
Au jour le jour. Des heures passent, par La Maison Illuminée et Oswald Sallaberger. À l’Atelier Monet à Rouen, le 15 octobre à 18h30 et 20h. La Cabane Illuminée (formule de mini concert ouvert à tous, gratuit, 25 minutes du programme présenté par les artistes en échange avec le public) à 17h.