Par Anne Oger, France Bleu Orléans Dimanche 19 février 2017 à 8:00
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L’entreprise loirétaine Baudin-Châteauneuf est chargée jusqu’en 2019 de restaurer le pont-transbordeur de Rochefort, sur la Charente. Un pont construit en 1900 par le castelneuvien Ferdinand Arnodin, l’inventeur des ponts à suspension, inspirés des cordages des mariniers de Loire.
C’est l’histoire d’une entreprise emblématique de Châteauneuf-sur-Loire (Loiret), et d’un monument du patrimoine fluvial français : Baudin-Châteauneuf s’attaque à un chantier d’envergure en Charente-Maritime : la restauration du pont transbordeur de Rochefort, inauguré en 1900 et construit par Ferdinand Arnodin. Si vous avez vu Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, vous connaissez sans doute ce pont transbordeur. La scène d’ouverture se passe sur la nacelle, qui traverse la Charente.
Un ouvrage à base d’acier et de haubans, révolutionnaire à l’époque, dont il ne reste qu’un seul exemplaire en France, et moins d’une dizaine dans le monde, tous construits par Arnodin ou ses disciples. Le pont permettait de traverser la Charente tout en laissant passer jusqu’à la mer les énormes bateaux en construction à Rochefort.
Le chantier doit durer jusqu’en 2019, et il a une place toute particulière dans l’histoire de Baudin puisque Ferdinand Arnodin, ingénieur à Châteauneuf-sur-Loire, est à l’origine de la création de l’entreprise. Avec sa silhouette métallique et surtout son réseau de câbles assez compliqué, « l’architecte en chef trouve que ça ressemble à une toile d’araignée ! », explique Christian Croizier, responsable de la rénovation chez Baudin.
C’est une belle structure, perchée à plus de 50 mètres, avec des pylônes de 70 mètres de haut. Mais il y a assez peu d’acier. Le caractère révolutionnaire d’Arnodin, c’est vraiment ça ! » – Christian Croizier, responsable de la rénovation chez Baudin.
La mission, c’est désormais de reconstruire ce pont comme il était en 1900. Il faudra par exemple 30 000 rivets, un système d’assemblage révolutionnaire à l’époque. Mais également les câbles métalliques, ces fameux haubans, véritable invention d’Arnodin. Ils sont inspirés des cordages des mariniers de Loire.
Plutôt que d’avoir des fils parallèles les uns aux autres, Arnodin a eu l’idée de les tisser à la manière d’un cordage. C’était novateur pour l’époque et cette technique sert encore à rénover des ponts suspendus aujourd’hui. » – Christian Croizier
Le réalisateur Jacques Demy a donc fait de ce pont l’emblème de sa comédie musicale « Les Demoiselles de Rochefort ». Mais l’écrivain Pierre Loti le trouvait « laid comme une Tour Eiffel ». La comparaison entre les deux architectes, Ferdinand Arnodin et Gustave Eiffel, s’arrête ici. Christian Croizier regrette le manque de reconnaissance envers Arnondin.
Pourquoi Ferdinand Arnodin est-il un peu plus passé sous silence aujourd’hui ? Peut-être parce qu’il n’a pas eu la chance de réaliser la Tour Eiffel… Mais la rénovation de ce pont, c’est l’occasion de parler de lui et de lui rendre un peu son génie. » – Christian Croizier
Il n’existe aujourd’hui plus que 8 ponts transbordeurs dans le monde.
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