C’est un endroit de rêve où l’Adriatique s’enfonce dans les montagnes. Les bouches de Kotor relèvent de la beauté spectaculaire, mais pas que. Avec ses cités médiévales, ses monastères insulaires et ses plages cachées, le site témoigne d’un riche passé.
Elle est là, bleue, calme, parfaite, comme endormie. L’Adriatique se fraie un passage au milieu des montagnes. Elle est claire, si claire qu’elle reflète les sommets et les forteresses alentour. Un fjord ? Non, un canyon, un estuaire. Bienvenue dans les bouches de Kotor, au Monténégro, l’une des plus belles baies du monde.
Écrire sur les bouches de Kotor, c’est échouer. Échouer à décrire le bleu de la mer ou le rose des lauriers. Un homme a réussi. L’écrivain Pierre Loti. C’était en 1880. On le lit : « Les bleus irisés des montagnes (…), les rouges des grenades, les verts sombres des oliviers et tout en haut les mornes de pierre se découpent sur le ciel, en gris clair de cendres, en blancheur de lave ».
Les bouches de Kotor, ce sont des couleurs, mais aussi plusieurs siècles d’influences byzantines, espagnoles et vénitiennes. Les abords ? Émaillées de cités médiévales, de palais vénitiens et de criques inaccessibles. Sur les hauteurs, des sommets dénudés, des forteresses et des panoramas spectaculaires. Sur les eaux, des monastères insulaires, des grottes et des barques de pêcheurs.
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Kotor et sa vieille ville romantique
Elle est au pied des montagnes. Bordée d’une eau cobalt. Enserrée de remparts massifs. Kotor est la ville la plus enfouie de la baie et la plus romantique. On y accède par l’entrée principale, la porte de la Mer, massive et vénitienne. Ou alors par le vieux pont, plus charmant, qui enjambe la Scurda. Que faire à l’intérieur ? Rien de précis, perdez-vous dans les ruelles et levez la tête, vous tomberez sur de petites places et la Cathédrale Saint-Tryphon, chef-d’œuvre d’architecture romane, deux clochers et des colonnes corinthiennes. Kotor a été byzantine, serbe et surtout vénitienne pendant plus de 350 ans. C’est est un trésor qu’il a fallu protéger, voyez ces magnifiques remparts, 1350 marches et 1,2 kilomètre en tire-bouchon qui mènent à la forteresse Saint-Jean (8 euros). Allez-y le soir, quand les murailles sont éclairées et que le soleil se couche derrière les montagnes. Là-haut, à 260 mètres au-dessus de la mer, on entend les rues s’animer et la musique dans les bars. On voit la baie, la ville et les sommets autour, inoubliable.
Perast, ses palais et ses îles
C’est un village minuscule. 350 habitants, une seule rue, des pierres blanches. Berce par l’Adriatique. Perast est un morceau de Venise qui a dérivé. On se gare en haut et on descend à pied. Sur le front de mer, des eaux limpides, des bougainvilliers, 16 églises et 17 palais. C’est une ancienne puissante cité au riche passé maritime. Au cœur de la ville, l’église Saint-Nicolas, blanche et haute. On ne peut pas la rater, elle se dresse sur la place principale. Il faut la visiter pour son trésor (1 euro) et monter en haut du clocher, la vue y est spectaculaire, on y voit deux îles. La plus grande s’appelle Notre-Dame-du-Rocher. Une icône de la vierge y serait apparue. C’était en 1452. Depuis, les habitants y viennent chaque année à la même date pour la commémorer. Comptez environ 5 euros en taxi-bateau pour y aller. La deuxième, c’est Saint-Georges, sur son récif naturel. On y trouve un monastère bénédictin, des cyprès et un cimetière. Et toujours ces eaux cristallines.
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Herceg Novi, la cité-jardin
Par où entrer, le front de mer ou la citadelle ? C’est la question qu’on se pose à Herceg Novi. Commencez par l’Ulica Njegoseva, magnifique rue pavée de marbre. Elle vous mène à la vieille ville et à l’édifice phare de la ville, la Tour de l’horloge, ornée de mâchicoulis. Herceg Novi est une ville faite de ruelles, d’escaliers et de places lumineuses donnant sur la mer. C’est une ville récente, fondée fin XIVe siècle, mais aux influences multiples : vénitiennes, espagnoles et turques. Il faut voir l’église orthodoxe de l’archange Saint-Michel, avec sa façade blanche, ses palmiers et ses cafés autour. Mais aussi la forteresse Kanli Kula, édifice défensif et ancienne prison. Sur les murs, on y lit les messages d’anciens détenus et juste au-dessus, la vue donne sur l’Adriatique. Plus bas, il faut se balader sur la promenade Šetalište Pet Danica, cinq kilomètres le long de la mer, des bars, des pontons et même une petite crique de galets.
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La péninsule de Luštica, lumineuse et authentique
Des plages isolées, des îles et des champs d’oliviers. Vous êtes dans la péninsule de Luštica, à l’entrée des bouches de Kotor, l’un des endroits les plus authentiques de la baie, à condition de savoir où aller. Quand vous arrivez, laissez la première partie face à Tivat et foncez vers les villages de pêcheurs, plein ouest. À Bjelila, des maisons les pieds dans l’eau et des barques colorées. À Rose, des oliveraies, des pontons en pierre et un superbe panorama sur la baie. Au sud, la grotte bleue, neuf mètres de paroi, une lumière indescriptible et une eau claire. Pour y aller, deux options : l’excursion en bateau ou la location de kayak. En kayak, profitez-en pour explorer les plus belles plages de la région, comme celle de Dobrec. La péninsule de Luštica est un concentré des bouches de Kotor, avec quelques trésors en plus, par exemple l’île de Mamula, magnifique et inhabitée mais à l’histoire chargée : le fort a servi de camp de concentration sous Mussolini.
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La Serpentine, la route panoramique
C’est plus fort que soi. Un virage et on s’arrête. Impossible de continuer. C’est la plus belle route du pays. 17 kilomètres et 25 virages. Étroite, pentue, saisissante. La Serpentine relie Kotor au mont Lovćen. Chaque virage offre une vue plus incroyable que le précédent. Alors on se range, forcément, avec ce panorama sur la baie. Oui, les bouches de Kotor s’étirent sous vos yeux, Perast, Herceg Novi et l’Adriatique. À la sortie de Kotor, prenez la direction du tunnel de Tivat et tournez à gauche après le cimetière. Continuez sur 5 km puis bifurquez à gauche au niveau du fort. La montée commence, prenez votre temps. On vous klaxonne ? Ralentissez et laissez-vous doubler. Un bus arrive en face ? Rangez-vous sur le bas-côté. Sur la route, arrêtez-vous aux stands de produits locaux, on y achète du bon jambon fumé et du fromage local. À l’entrée du parc national du Lovćen, piquez à droite et poursuivez par la route panoramique.
Carnet pratique
COMMENT S’Y RENDRE ?
Depuis l’aéroport de Podgorica, la capitale du pays, comptez environ 1h30 minutes de voiture pour rallier Kotor. Des bus relient aussi la gare routière de Podgorica aux villes de la baie (comptez au moins 2 heures et minimum 6,5 euros). Toutes les infos sur le site busticket4.me/.
COMMENT SE DÉPLACER ?
Le littoral étant longé par une route, la voiture constitue un moyen de transport idéal, même si l’été, les temps de trajet peuvent être conséquents. En bus, plusieurs lignes relient les villes de la boka. Sinon, les taxis-bateaux sont très commodes en été pour traverser la baie et gagner du temps. Vous en trouverez facilement.
OÙ DORMIR ?
À Kotor. Pour visiter la baie, Kotor est un point de chute idéal car très vivant, situé entre les deux rives et facilement accessible depuis Podgorica. L’hôtel Hippocampus est un élégant boutique-hôtel aux chambres confortables. À partir de 140 euros la nuit. Kotor 489, Kotor 85330, Monténégro. Tél. : + 382 67 04 60 60.
À Rose, dans la péninsule de Luštica. Les appartements du Klinci Village Resort comptent parmi les plus charmantes de la baie. À partir de 120 euros la nuit. Luštica, 85340 Klinci, Monténégro. Tél. : +382 63 200 046.
https://www.lefigaro.fr/voyages/guides/montenegro-dans-la-splendeur-des-bouches-de-kotor-20210602