CINÉMA
Ramuntxo au cinéma.
Le célèbre roman mélodramatique et folklorique de Pierre Loti, (1850-1923), « Ramuntcho », publié en 1897 par les éditions Calmann-Lévy connut un succès immédiat et fut mis en scène plusieurs fois au cinéma.
Pierre Loti, en avait aussi fait une adaptation pour le théatre en cinq actes qui fut jouée pour la première fois au théâtre de l’Odéon en 1908 avec la comédienne Sylvie (1883-1970) dans le rôle de Gracieuse et René Alexandre (1885-1946) sociétaire de la Comédie Française, dans le rôle de Ramuntxo, avec une musique de scène de Gabriel Pierné (1863-1937).
Rappelons que Sylvie fut l’inoubliable héroïne de l’excellent film de René Allio (1924-1995), « La Vieille Dame Indigne » (1965), où elle donna la pleine mesure de son talent à 82 ans.
La première version date de 1919 et a été créée par le prolifique Jacques de Baroncelli (1881-1951), 9ème marquis de Baroncelli-Javon, issu d’une vieille famille provençale d’origine italienne et auteur de plus de 50 longs métrages et d‘une vingtaine de courts métrages. Cette version muette du roman de Pierre Loti, – qui a participé au scénario – est d’un format moyen d’environ 30 minutes.
On y voit notamment une partie de chistera sur le fronton du village de Sare et quelques paysages valonnés. L’acteur du rôle principal, René Lorsay (1898-1922), jeune premier de l’époque, décéda prématurément à l’âge de 23 ans.
Ce film en quatre parties peut être visionné sur le site de TV PI.
La seconde version signée de René Barberis (1886-1959), avec Henri Alekan comme chef opérateur, date de 1938 avec dans les rôles principaux Louis Jouvet, Madeleine Ozeray, Line Noro, René Génin et Françoise Rosay.
Le film a aussi été tourné à Sare avec partie de chistéra et danses folkloriques obligatoires, la musique est assurée par le chœur basque Eresoinka dans lequel Luis Mariano fit ses premières armes.
Notons que le « happy end » du film qui voit Gracieuse renoncer à ses vœux n’est pas celui du roman original qui se termine beaucoup moins bien..
La troisième version date de 1959 et fut mise en scène par Pierre Schoendorffer (1928-2012), spécialiste du film de guerre, auteur notamment de « La 317ème Section », engagé volontaire en Indochine où il filma la bataille de Dien Bien Phu et où il fut fait prisonnier (1952), et adapté avec Jean Larteguy (1920-2011).
Le contexte de la guerre d’Indochine est très présent dans le film : la radio mentionne la bataille de Na San (1952), et Ramuntcho, prisonnier de guerre, est libéré à la suite de la convention de Genève.
Le rôle de Gracieuse est interprété par Mijanou Bardot (1938), sœur cadette de Brigitte Bardot qui fit une brève carrière dans le cinéma avant de s’exiler aux Etats-Unis où elle fonda une entreprise de décoration.
Dans une distribution assez hétéroclite, le rôle de Ramuntcho est interprété par Pierre Guérin (1927-2003), on trouve aussi Gaby Morlay, Marie Glory, Roger Hanin, Georges Geret et le batteur de Jazz Moustache.
Une version librement adaptée du roman par Pierre Apesteguy et André Tabet (le dialoguiste de « La Grande Vadrouille »), « Le mariage de Ramuntxo », réalisée par Max de Vaucorbeil (1901-1982), vit le jour en 1947 et a été tourné en Pays basque et dans les studios de la Victorine à Nice.
C’est le premier film en couleurs réalisé en France avec le procédé allemand Agfacolor .
Le chanteur d’opérette André Dassarry (1912-1987, né Déyhérassarry à Biarritz), est la vedette du film qui comporte des scènes musicales et des numéros de danses folkloriques exécutées par le groupe Oldarra.
La distribution est complétée par Gaby Sylvia, Franck Villard, Mona Dol, et Maupi.
Il a été restauré en 2000 par le CNC et est disponible à l’achat sur des sites Internet.