Château d’Abbadia : une conférence théâtralisée mettra en scène les relations entre Virginie d’Abbadie et Pierre Loti

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Hendaye : deux soirées pour conter une belle histoire d’amitié

 

Publié le 26/11/2019 à 15h48. Mis à jour à 15h54 par Edith Anselme.

Château d'Abbadia

C’est au château que Virginie d’Abbadie et Pierre Loti nouèrent de fortes relations. PHOTO É. A.

Une conférence théâtralisée mettra en scène les relations entre Virginie d’Abbadie et Pierre Loti, deux personnages d’exception. Rendez-vous les 13 et 14 décembre.

« A Madame V. d’Abbadie, qui commença de m’initier au Pays basque, en l’automne de 1891. Hommage d’affectueux respect. Pierre Loti ». Telle était la dédicace de « Ramuntcho », rédigée par l’écrivain en 1896.

L’association, nouvellement créée, Les Amis de Pierre Loti à Hendaye, le cercle d’histoire Oroitza et l’Académie des sciences organisent une conférence théâtralisée, vendredi 13 et samedi 14 décembre, à 18 h 30 au château d’Abbadia, inspirée d’une correspondance inédite échangée entre Pierre Loti et la Dame d’Abbadia. Une jolie manière de faire revivre et de mieux comprendre cette grande amitié.

Le 8 octobre dernier, Les Amis de Pierre Loti à Hendaye invitait le biographe Alain Quella-Villéger à présenter au public hendayais l’écrivain-voyageur dans l’ensemble de sa vie et de son œuvre. Encouragés par le succès de cette première conférence, les membres de l’association ont désiré introduire ce même public dans la part proprement « basque » de l’auteur de « Ramuntcho ».

Des notes intimes révélées

« Commencer à Abbadia et par Virginie d’Abbadie ne surprendra pas quand on sait que c’est à cette grande dame que Pierre Loti a dit devoir son initiation au charme du pays, dont il fera sa seconde patrie », commente Jean-Louis Marçot, de l’association organisatrice. Pourtant, la « vieille châtelaine » n’était pas basque. Mais elle avait appris la langue, étudié l’histoire locale et observé finement le monde rural alentour.

Le temps d’une soirée, le public aura une autre vision du château et découvrira la personnalité méconnue de Virginie d’Abbadie, ainsi que certains aspects ignorés de son ami Pierre Loti, alors au faîte de sa gloire.

« La découverte d’une correspondance en très grande partie inédite, donnent maintenant matière à redessiner les contours de ces deux êtres d’exception et de leur amitié. »

La conférence théâtralisée « Pierre Loti et la Dame d’Abbadia » a pour objectif de redonner à Virginie d’Abbadie l’importance qu’incontestablement elle a eue à Abbadia, en tant que femme, intellectuelle et épouse. Pierre Loti fut son hôte le plus aimé, le plus attendu, jusqu’à ce que la mort les sépare en 1901.

« Avant la publication intégrale du journal de vie de l’écrivain, terminée en 2017, on ignorait de quoi étaient faits leurs rapports. Les révélations de ces notes intimes, la découverte d’une correspondance en très grande partie inédite, donnent maintenant matière à redessiner les contours de ces deux êtres d’exception et de leur amitié. »

Des surprises à prévoir

C’est donc une première ébauche que Jean-Louis Marçot offrira ces deux soirs, dans les lieux témoins de leurs rencontres, en expliquant pas à pas, illustrations à l’appui, le contexte et, surtout, en laissant place à la lecture des extraits les plus significatifs du journal et des lettres que se sont échangées les deux amis.

Céline Davadan, administratrice déléguée d’Abbadia, Christine Pénichou, du théâtre des Trois-Chemins et Xavier Faure s’en chargeront avec talent. L’idée a tellement séduit que les réservations pour le 13 décembre sont d’ores et déjà complètes. C’est pourquoi, une deuxième séance est prévue le lendemain. Les passionnés devront venir avec une lampe et chaudement vêtus, ce qui laisse présager une mise en scène pleine de surprises…

Passionnés par le Pays basque

Julien Viaud (Rochefort, 1850– Hendaye, 1923), alias Pierre Loti, est connu sous son nom de plume depuis 1881. Il vient d’être élu à l’Académie française quand il arrive à Hendaye pour commander le « Javelot », navire stationnaire sur la Bidassoa.

Très vite, l’écrivain s’éprend du Pays basque et de ses habitants. Désireux de partager toutes leurs émotions, il se passionne pour le jeu de paume, les courses de taureaux, les expéditions de contrebande, les rassemblements populaires, les bals du dimanche, etc. Des expériences dont il nourrira « Ramuntcho ». L’auteur noue avec la dédicataire du roman, Virginie d’Abbadie, une relation forte et souvent conflictuelle, qui participe de son attachement au Pays basque.

Une épouse indépendante

Denise Vincent de Saint-Bonnet (Lyon, 1828 – Paris, 1901) préfère son deuxième prénom : Virginie. Originaire de la haute société lyonnaise, elle épouse Antoine d’Abbadie en 1859. Il a 18 ans de plus qu’elle, qui a 22 ans de plus que Loti. Le couple n’aura pas d’enfant.

Cultivée, musicienne, grande lectrice, elle adopte les causes d’Antoine : la promotion de la langue et des traditions basques, la diffusion d’un savoir scientifique conforme aux valeurs chrétiennes, la construction d’Abbadia. Virginie contrôle les travaux du château et inspire sa décoration intérieure.

Épouse se voulant parfaite, elle ne renonce pas pour autant à son indépendance. Son admiration pour Loti ne l’empêchera jamais de juger sévèrement son comportement.

Il était bien temps de rencontrer au château ces deux amis et de découvrir leurs véritables relations qui ont alimenté les ragots hendayais.