Schoendoerffer, la guerre grandeur nature

http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/schoendoerffer-la-guerre-grandeur-nature_862e3496-b569-11e7-9d08-87d71e0f1c12/

Par  Blaise de Chabalier, publié le 20/10/2017 à 10:14

PIERRE SCHOENDOERFFER AU VIETNAM

PIERRE SCHOENDOERFFER AU VIETNAM-Crédits photo : THOMAS GOISQUE/Le Figaro Magazine

 

HISTOIRE/20H40 – Le cinéaste, ancien cameraman en Indochine, se livrait dans ce documentaire, en 2011, un an avant sa mort.

« Si je parle de la guerre, ce n’est pas que je l’aime (…), j’aime la condition humaine », confiait le cinéaste et romancier français auquel on doit notamment Le Crabe-Tambour, dans le documentaire Pierre Schoendoerffer : la sentinelle de la mémoire. Un film réalisé en 2011 par Raphaël Millet, un an avant la mort de Schoendoerffer, que la chaîne Histoire a l’excellente idée de rediffuser ce soir.

Celui qui fut inspiré toute sa vie par la mer et par la guerre d’Indochine s’exprime face caméra, le visage souriant, strié de mille rides d’expression. Son parcours est illustré par des images qu’il filma lui-même en tant que cameraman de l’armée, ou encore par des extraits de ses films.

À 18 ans, le futur cinéaste aventurier embarque comme matelot sur un chalutier du côté de la Bretagne. Quand, beaucoup plus tard, il adapte Pêcheur d’Islande de Pierre Loti, il sait de quoi il parle. À 19 ans, c’est à bord d’un caboteur suédois qu’il aiguise sa passion de la mer. Il voudrait devenir écrivain. Mais il ne se trouve pas de talent littéraire. Alors, pourquoi pas le cinéma ? Mais impossible de pénétrer ce milieu. Ce sera en lisant un article dans Le Figaro signé Serge Bromberger, sur la mort du cameraman militaire Georges Kowal, qu’il décide de s’engager. « Je me suis dit : (…) je vais voir si je peux le remplacer. Puis ça s’est fait », se souvient-il.

Ce fut le grand départ pour l’Extrême-Orient. « L’Indochine, c’était un pays extraordinaire, le rêve, (…) l’aventure », glisse-t-il. Une terre paradisiaque où il noue deux amitiés fortes, avec Jean Péraud, qui sera porté disparu, et Raoul Coutard, qui deviendra son chef-opérateur fétiche. Là-bas, le jeune engagé découvre aussi l’enfer, après avoir sauté en parachute sur Diên Biên Phu.

Trois César et un Oscar

C’est un Schoendoerffer filmé en 1977 qui témoigne : « Il y avait les blessés, il y en avait une quantité extraordinaire (…). Il y avait des corps partout (…), des corps qui étaient là depuis très longtemps et d’autres qui étaient frais. Et puis il y avait les mouches, (…) véritable symbole de la mort. » Le 7 mai 1954, le reporter est fait prisonnier. Libéré, il revient en France en faisant le tour du monde. Première étape : Hongkong, où il rencontre Joseph Kessel. « Avec lui, j’ai passé une nuit de prince, extraordinaire. Je lui ai déversé le trop-plein de mon expérience de trois ans en Indochine. »

Ces deux-là se revoient en France en 1956 et font un film en Afghanistan, écrit par Kessel : La Passe du diable. Un film produit par Georges de Beauregard. Avec ce même producteur, Schoendoerffer tourne dans la foulée Ramuntcho et Pêcheur d’Islande. Puis il écrit son premier roman, La 317e Section, qu’il adapte au cinéma, avec Bruno Cremer et Jacques Perrin. Le tournage au Cambodge est extrêmement dur. Le film, ultraréaliste, devient une référence en matière de film de guerre. Il reçoit le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes en 1965.

Également marquant, le documentaire La Section Anderson, dans lequel le cinéaste a suivi pendant six semaines une section de l’armée américaine au Vietnam. Un travail exceptionnel récompensé en 1967 par l’Oscar du meilleur documentaire. En 1977, le cinéaste-écrivain adapte à l’écran son troisième roman, Le Crabe-Tambour. Jean Rochefort, Jacques Perrin et Claude Rich brillent dans ce film aux trois César, qui évoque la guerre d’Indochine d’une façon profonde et originale. En 1992, Schoendoerffer tourne Diên Biên Phu. La boucle est bouclée.

Cliquez sur « articles précédents » situés tout en bas de cette page pour consulter toutes les actualités