Reynaldo Hahn : une somme éblouissante chez Fayard

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La vie de  embrasse une époque d’une richesse foisonnante et exceptionnelle que  décrit avec talent.

À la lecture de cette biographie on apprend mille choses sur les arcanes du monde musical, artistique, et de la société française d’alors. Musicologue et conservateur à la Bibliothèque nationale de France,  nous livre un récit vivant, rigoureux, reposant sur une documentation extrêmement fouillée.

Quel plaisir de suivre pas à pas le parcours de ce musicien né au Vénézuela en 1874 et dont la famille débarque en France quatre années plus tard. Très tôt il s’accompagne au piano en chantant. Tout en suivant un cursus au Conservatoire national de musique de Paris, il devient en 1888 élève particulier de  et commence à composer des mélodies. Le personnage souvent qualifié de mondain ne tarde pas à se rapprocher de nombreuses personnalités de premier plan. Ainsi fait-il connaissance et fréquente-t-il Alphonse Daudet, les frères Goncourt, Pierre Loti, plusieurs salons à la mode dont celui de la princesse de Polignac. Blay décrit ces épisodes avec concision tout en s’appuyant sur des sources savamment sélectionnées. Hahn s’illustre alors dans le domaine de la composition en s’attelant à l’écriture d’opéras, de chansons, de musiques de chambre. Certaines œuvres connaissent un franc succès comme la célèbre opérette Ciboulette. De plus, il dirige régulièrement et devient même tardivement directeur de l’Opéra de Paris (1945). Il semble pouvoir se démultiplier sans cesse et entreprend une longue carrière appréciée de critique musical pour plusieurs journaux notables de la capitale.

En mai 1894, il rencontre  et noue avec lui une relation amoureuse qui perdurera jusqu’en août 1896 ; ils resteront amis. Il se rapproche amicalement de Sarah Bernhardt et de . Une nouvelle liaison passionnée se constitue avec Guy Ferrant, chanteur et comédien. Ses pôles d’intérêt multiples le conduisent à prendre parti pour Dreyfus dans l’affaire qui porte son nom (1899). Il voyage énormément à l’étranger. Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il se distingue par sa bravoure, est nommé directeur de théâtres et donne des cours d’interprétation vocale. La vie de  s’apparente à un tourbillon incessant et le confronte intimement à la vie culturelle de son époque. Ce destin hors du commun trouve un frein brutal avec la découverte d’une tumeur du cerveau en 1946 dont il décède l’année suivante. Il repose au cimetière du Père Lachaise.

Il faut lire cette fresque captivante qui nous plonge au cœur d’une époque trépidante ; elle ravira ceux qui l’aiment déjà et éblouira ceux qui la découvriront. Incontournable !

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